Référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne : l’heure de vérité
De Londres, Boudjemaa Selimia – Dernière ligne droite avant l’annonce des résultats du référendum britannique sur le Brexit. A l’heure où nous publions cet article, l’incertitude reste de mise sur l’issue de ce rendez-vous électoral décisif pour l’avenir politique, économique et commercial de la zone euro. Une sortie du Royaume-Uni du bloc européen chamboulerait totalement la configuration et les équilibres. La zone euro fait face à d’énormes défis, notamment sur le plan sécuritaire, sans oublier le grave désordre suscité par le flux migratoire, une carte exploitée à fond par le camp du Brexit, dirigé par l’ancien maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, et le chef de file du mouvement d’extrême-droite UKIP, Nigel Farage. Pour l’instant, rien n’est encore joué. L’écart entre le camp pro-Brexit et celui en faveur du maintien demeure très serré. Un dernier sondage donne le maintien en avance d’un seul point, avec 51%. Ce léger revirement s’explique, en partie, par l’assassinat de la députée travailliste pro-européenne Jo Cox, jeudi dernier dans le Nord de l’Angleterre, par un déséquilibré proche, semble-t-il, des milieux de l’extrême-droite. Un assassinat «politiquement motivé», de l’avis de tous les observateurs. Pour l’heure, tout le monde au Royaume-Uni est dans l’expectative. Certains dirigeants de grandes institutions financières de la City, qui sont pratiquement tous en faveur du maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’Union, ne cachent pas leur intention de procéder «très rapidement» au transfert de leurs sièges central de la capitale britannique vers d’autres capitales européennes dans le cas où le oui l’emporterait. La campagne pour ce référendum a dépassé les frontières du Royaume-Uni, à travers l’intervention dans le débat, de personnalités internationales de renom, comme le président américain Barack Obama, ou la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, et l’ensemble des dirigeants des Etats de l’Union européenne, qui ont tous plaidé en faveur du maintien de la Grande-Bretagne au sein de la zone euro. Mais cette mobilisation des grands de ce monde n’a pas réellement permis de renverser la tendance. A quelques heures du vote, le suspense reste l’élément prédominant, ce qui a contraint le Premier ministre britannique David Cameron, qui fait campagne contre le Brexit, de boucler celle-ci avec une dernière mise en garde aux «récalcitrants» sur les «conséquences désastreuses» d’une sortie de ce pays insulaire de l’UE, sur l’avenir des futures générations qui vont, selon lui, «payer les frais d’une erreur impardonnable de leurs aînés». Pour Cameron, les futures générations feraient face à d’énormes difficultés en termes de la libre circulation dans l’espace européen et seront surtout privés d’accès à un gigantesque marché de près de 500 millions de personnes. Pour le locataire du 10 Downing Street, qui n’a nullement l’intention de quitter son poste, même en cas de victoire du oui, «l’avenir du Royaume-Uni est au sein de l’Union européenne». Les Britanniques, comme tous leurs partenaires européens, se préparent à une interminable nuit après la fermeture des centres de votes ce soir à 22 heures. Le résultat officiel du référendum, qui décidera de l’avenir du Royaume-Uni au sein ou en dehors de l’Union européenne, ne sera annoncé que le lendemain, mais les sondages de sorties des urnes donneraient une première indication sur l’issue du scrutin, dans les heures qui suivront la fermeture des bureaux de vote.
B. S.
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