Le Brexit : une dramatisation médiatique et politique
Par Anaaf – Le référendum britannique sur le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, qui s’est déroulé le 23 juin 2016, a fait l’objet de dramatisation politique et médiatique de grande envergure. On a présenté le succès du «leave» des Britanniques aux opinions publiques européennes et mondiales comme un choc d’importance mondiale qui menace non seulement le projet d’intégration européenne, mais également la paix et la prospérité dans le monde ! La réalité est en vérité tout autre. Beaucoup de commentaires relèvent de la manipulation généralisée, tellement ils sont absurdes et non objectivement étayés. Il s’agit en effet d’intimider, par tous les moyens, les citoyens qui, dans les différents pays membres de l’UE, critiquent le modèle d’intégration européen actuel et ses contradictions économiques et sociales. Une autre vérité mérite d’être soulignée : le Premier ministre britannique David Cameron a toujours laissé entendre qu’il était eurosceptique pour justifier l’organisation d’un référendum sur le maintien ou la sortie de son pays de l’Union européenne. En réalité, son but inavoué était d’organiser une opération électorale purement politicienne pour faire taire les voix discordantes, devenues de plus en plus nombreuses, dans l’opposition interne de son parti et «doubler» le parti de l’UKIP de Nigel Farage, qui a toujours affiché une position tranchée pour le Brexit. Il a décidé de quitter le pouvoir au mois d’octobre prochain parce qu’il a échoué dans sa manipulation qui ne manquera pas d’aggraver le choc psychologique pour l’élite dirigeante politique et économique de son pays. Pour autant, le départ de la Grande-Bretagne de l’UE ne provoquera pas les changements annoncés à grand renfort de propagande médiatique, car il fera indubitablement l’objet de longues négociations dont le but serait de maintenir au maximum le statu quo. La Grande-Bretagne restera, sans doute, membre de l’espace économique européen comme le sont la Norvège ou la Suisse. Hormis les réactions de panique sur les marchés financiers qui finiront par se calmer assez rapidement, la véritable leçon à tirer du référendum de David Cameron est que l’on ne manipule pas impunément la puissance de la voix d’un peuple libre, fortement attaché à ses longues traditions démocratiques. En effet, sans démocratie, fondée sur la libre volonté exprimée par les citoyens, aucun pouvoir dans le monde ne peut avoir de consistance et encore moins de sens. Quand un peuple se réveille, il n’est pas possible de le manipuler, de le tromper et encore moins de l’arrêter. Pour toutes ces raisons, l’honnêteté en politique est importante quand il s’agit de gérer les affaires publiques et d’agir dans le respect des choix du peuple souverain. Il ne peut y avoir de lien de confiance entre les gouvernants et leurs concitoyens sans intégrité de la parole politique. Dans une véritable démocratie, les dirigeants légalement investis de pouvoirs ont l’obligation de ne pas voler ou tromper leurs concitoyens, le devoir de leur dire la vérité, de leur rendre compte de l’usage républicain des pouvoirs qu’ils leur ont confiés. Oui, les citoyens détestent être bernés par des «coups politiques», les promesses non tenues ou les mensonges arrogants de certains responsables politiques qui utilisent des stratagèmes pour éviter de rendre des comptes sur des «affaires» d’intérêt public dont ils sont à tort ou à raison accusés. Si le Brexit a été voté c’est aussi et peut-être surtout parce que David Cameron, comme d’autres dirigeants dans le monde le font, a fait passer l’intérêt de sa propre carrière politique avant l’intérêt général de son peuple qui n’a pas supporté de ne pas être respecté et écouté avec considération. Moralité de cet événement électoral : ne jamais mépriser la volonté et l’intelligence d’un peuple !
Alliance nationale des Algériens de France
Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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