Gare à l’autoritarisme !
Par Kamel Moulfi – La tentation de la fuite en avant face aux problèmes posés par la société se confirme chez le pouvoir. La tension qui amène les heurts et les violences dans la rue, tels ceux qui se sont produits à Annaba (voir article d’Algeriepatriotique), n’a rien de surprenant, ses prémisses se trouvaient déjà – comme un ver dans le fruit – dans la démarche irréfléchie de mise en place d’un contrat social artificiel avec la fausse illusion que «tout le monde trouve son compte», et qui commence maintenant à montrer des signes de rupture. L’exemple de l’impunité, donné d’en haut, et la pratique du «deux poids deux mesures» dans l’application de la loi, flagrante dans de nombreux cas, sont des facteurs qui poussent les gens non seulement à l’incivisme, mais carrément à l’insubordination. Le refus d’obtempérer aux ordres de la force publique, qui redevient fréquent après avoir disparu un temps, en est l’illustration la plus dangereuse par ses conséquences imprévisibles. De nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours pour dénoncer les mesures expéditives, unilatérales, prises ou envisagées par le pouvoir qui ne veut pas affronter les problèmes réels engendrés par la situation politique et économique du pays. Les personnalités, les partis politiques et les syndicats qui se sont ainsi exprimés ont tous souligné que les solutions existent pour ramener la sérénité dans le pays et surmonter le malaise actuel à la source de la fronde sociale dont les indicateurs explosifs sont fournis chaque jour par les médias. Mais le pouvoir répond par l’entêtement et par la diversion, à l’aide des moyens habituels, notamment la désinformation et la désorientation sur les enjeux réels. Dans ce climat tendu, la moindre provocation peut conduire au désastre. Le pouvoir gagnerait à accepter le dialogue autour des questions soulevées en particulier par les projets de loi qui sont contestés à l’intérieur de l’APN et en dehors, et autour également des revendications sociales présentées par les syndicats. Le passage en force appuyé sur l’autoritarisme a toujours coûté cher au pays sans résoudre le moindre problème.
K. M.
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