La Turquie récolte la tempête après avoir semé la guerre civile en Syrie
Les attentats se multiplient à intervalles réguliers en Turquie, faisant de nombreuses victimes civiles à chaque fois. Et, après chaque attentat meurtrier, Ankara s’empresse de pointer le doigt vers les dissidents kurdes, absolvant ainsi, de fait, les terroristes de Daech. La double explosion qui vient de secouer l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, en plein mois de Ramadhan, et qui a fait 36 victimes, annonce une escalade des actions terroristes dans ce pays tombé entre les mains des islamistes depuis l’avènement de Recep Tayyip Erdogan. Le régime nostalgique de la Sublime Porte a, dès le départ, annoncé la couleur en procédant à une gigantesque purge au sein de l’armée et des services de renseignement, deux institutions accusées de vouloir renverser les nouveaux maîtres d’Ankara auxquels elles déniaient le reniement de la laïcité, un des fondements de la République kémaliste. L’affaiblissement de ces deux corps de sécurité se fait ressentir depuis que la Turquie a fait sienne la stratégie de déstabilisation de nombreux pays arabes, au premier rang desquels son voisin du sud, la Syrie. La guerre civile qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts en cinq longues années d’affrontements armés entre terroristes financés, entraînés, conseillés et équipés par l’Otan dont fait partie la Turquie, et l’armée régulière qui reprend les positions tenues jusque-là par les groupes terroristes, grâce à l’intervention directe de l’armée russe, déborde petit à petit des frontières syriennes pour atteindre la Turquie. Faisant face à un terrible drame humanitaire, le régime d’Erdogan a dû monnayer, sans vergogne, l’accueil des millions de réfugiés syriens dont il se sert comme monnaie d’échange pour tenter de gagner la sympathie d’une Europe qui le rejette. Défait en Syrie, accusé par ses alliés occidentaux d’atteintes aux libertés fondamentales dans son pays et ébranlé par une vague de terrorisme sanglante, Erdogan voit sa fin politique approcher. Le président turc incarne, en effet, un triple échec et, plus grave, une menace sérieuse pour la stabilité de la Turquie. C’est un Recep Tayyip Erdogan déchu qui vient, par ailleurs, de demander des excuses aux Russes pour avoir ordonné à son armée d’abattre un de leurs chasseurs-bombardiers. Sentant le vent de l’ouest tourner en sa défaveur, Erdogan cherche une planche de salut à l’est. Il semble, ainsi, forcé de descendre de son piédestal après avoir échoué sur tous les plans et perdu sur tous les fronts. La guerre que lui livrent les terroristes lui sera fatale. Et seul son départ du pouvoir pourra sauver les Turcs d’un basculement définitif vers une violence armée aux conséquences désastreuses aussi bien pour la Turquie que pour l’ensemble de l’Europe. Non seulement la dernière barrière qui endigue un tant soit peu le flux de migrants – dont l’augmentation est exponentielle – vers le Vieux Continent, mais le nombre de réfugiés déjà impossible à maîtriser pourrait décupler si l’insécurité s’installait en Turquie, ce qui pousserait de nombreux Turcs à vouloir fuir les zones de combat à leur tour.
Karim Bouali
Comment (37)