Rapport confidentiel : Makhzen aux abois cherche touristes algériens désespérément
Un rapport du ministère des Affaires étrangères marocain, daté du 28 février 2012 et rendant compte d’une rencontre du ministre Saâdeddine El-Athmani avec la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, qui a eu lieu à Rabat deux jours plus tôt, révèle le contenu des discussions entre les deux responsables au sujet des relations entre l’Algérie et le Maroc. Ainsi, le document qui consacre tout un chapitre à ce sujet, rapporte, d’entrée, que Hillary Clinton «a constaté une évolution positive de la vision du président algérien M. Abdelaziz Bouteflika sur le Maroc, en s’étant montré disposé à rouvrir les frontières fermées entre les deux pays et à développer les relations bilatérales, tout en appréciant la manière dont Sa Majesté le roi Mohammed VI gère les attentes de réformes du peuple marocain». Clinton aurait ajouté que «certains collaborateurs militaires du président demeurent, toutefois, réservés quant à la question de normalisation de ces relations», lit-on dans le document qui est adressé aux missions marocaines à l’étranger.
Sur le même sujet, la secrétaire d’Etat américaine a, selon ce rapport, affirmé que la relance de la coopération sectorielle entre l’Algérie et le Maroc, et sa promotion «est susceptible d’établir la confiance, de créer des intérêts communs et de contribuer, ainsi, à résoudre les problèmes en suspens entre les deux pays». Troisième point soulevé lors de cet entretien : le secrétaire d’Etat adjoint chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Jeffrey Feltman, a évoqué «les conséquences négatives de la campagne médiatique menée par les médias algériens contre le Maroc» et «la gêne» que cela aurait provoquée aux dirigeants algériens, au point, dit-il, «de les amener à faire marche arrière». Le diplomate américain, connu du reste pour son rôle néfaste lors des soulèvements arabes de 2011, a, d’après les rédacteurs du rapport marocain, mis l’accent sur «l’impact très puissant» de ladite campagne sur la psychologie des Algériens en général.
De son côté, le ministre marocain, l’islamiste Saâdeddine El-Athmani, a estimé que «la propagande officielle dirigée contre le Maroc a eu des résultats pervers». Preuve en est, pour lui, que les relations «amicales» entre les deux peuples et la coopération dans les domaines professionnels ou sportifs n’ont jamais cessé. Pour étayer ses propos, le chef de la diplomatie marocain prétend qu’une éventuelle réouverture des frontières devrait rapporter à son pays un flux annuel de deux millions d’Algériens vers le Maroc. C’est sans doute pour lui suffisant pour atténuer les effets de la crise qui étrangle le Maroc. Pour El-Athmani, ce chiffre est la preuve que cette réouverture tant rêvée «dérangerait plutôt certains dirigeants algériens que le peuple algérien».
Enfin, pour appuyer les propos de Mme Clinton, le ministre marocain affirme que «les relations partisanes entre les principales formations du gouvernement marocain et certains partis politiques algériens avaient anticipé les indices positifs émanant de certains responsables algériens pour la relance des relations entre les deux pays». Et de conclure avec une note de mépris qui montre toute sa démagogie : «La régularité des prochaines élections législatives en Algérie constitue un paramètre sérieux quant à l’avenir du processus démocratique dans ce pays.»
R. Mahmoudi
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