Amar Belani à Gilles Pargneaux : «Evitez vos allusions perfides sur l’Algérie !»
L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a répondu à une correspondance adressée par Gilles Pargneaux. Amar Belani a, d’emblée, récusé «avec la plus grande vigueur», l’«assertion infondée» de l’eurodéputé à la solde du Maroc «sur le fait que la question du Sahara Occidental soit devenue une question de politique intérieure». «Cette allégation fallacieuse, écrit Belani, ne résiste pas à un examen sérieux, même si une agence officielle de presse, que vous connaissez bien (la MAP, ndlr), en fait la trame récurrente de ses dépêches sur le sujet». L’ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères a, par ailleurs, souligné qu’«en tant qu’Etat voisin, et c’est le statut qui nous est reconnu par le Conseil de sécurité des Nations unies – n’en déplaise à tous ceux qui veulent faire accroire le contraire –, nous suivons, bien entendu, avec préoccupation, l’impasse actuelle et nous savons, tout comme vous, que la partie (le Maroc) qui refuse, malgré l’engagement pris, la reprise des négociations directes dans le cadre des pourparlers sous les auspices de l’ONU, porte l’entière responsabilité de cette situation déplorable».
Amar Belani a acculé Gilles Pargneaux sur la question de l’autonomie, démentant que la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara Occidental du 29 avril 2016, à laquelle se réfère l’eurodéputé, ait été adoptée «à l’unanimité» comme il le prétend, «en prenant bien soin, tout comme les autorités marocaines, précise-t-il, d’occulter la référence à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, mentionnée à deux reprises dans ladite résolution et, bien entendu, en faisant mine d’oublier que le Conseil de sécurité a également pris bonne note de la proposition du Front Polisario présentée le 10 avril 2007 au secrétaire général de l’ONU, soit un jour avant la proposition marocaine». A ce sujet, l’ambassadeur d’Algérie rappelle au membre du Parti socialiste français, que ces deux propositions «sont toujours sur la table du Conseil de sécurité» et que «l’Union européenne (…) souligne régulièrement la nécessité de parvenir à une solution qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental».
«Libre à vous de soutenir la puissance occupante qui a pris l’option de la confrontation avec la communauté internationale et, alors, de ne pas partager la position officielle de l’Union européenne qui rejoint celle de la communauté internationale sur cette question de décolonisation», a encore écrit Amar Belani à Gilles Pargneaux, qu’il invite, à ce propos, à suivre les travaux du Comité spécial de décolonisation de l’ONU «dont la dernière session s’est achevée en juin dernier par la réaffirmation du statut du Front Polisario en tant que représentant légitime unique du peuple sahraoui et par la proclamation de sa volonté inébranlable – malgré les intimidations et le comportement peu diplomatique du représentant permanent marocain – à mettre en œuvre la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux».
«J’aurais tellement souhaité vous lire et partager votre évaluation sur les conséquences potentiellement graves sur le plan sécuritaire, de la décision « irréversible » prise par les autorités marocaines, en violation de leurs engagements internationaux et en bafouant l’autorité du Conseil de sécurité, de démanteler la composante civile et politique de la Minurso pour l’empêcher de s’acquitter pleinement de son mandat et d’exercer la plénitude de ses fonctions», regrette l’ambassadeur d’Algérie, qui attire l’attention de l’eurodéputé sur la position de l’UE au sujet du «rôle important joué par la Minurso» et «la nécessité que cette Mission puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions». Enfin, Amar Belani rappelle à l’ordre Gilles Pargneaux, sur un ton diplomatique, certes, mais ferme : «Il convient d’éviter d’associer l’Algérie à la rhétorique éculée de la presse officielle marocaine, avec ses références risibles à « la guerre froide », au « conflit régional » et, surtout, à éviter les allusions perfides et inacceptables quant au fonctionnement des institutions algériennes.»
M. Aït Amara
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