Les attentistes algériens
Par Mohamed Benallal – Cela me fait rappeler la chanson de Jacques Dutronc d’il y a belle lurette, écrite par Jacques Lanzmann. Jacques Dutronc interprétait formidablement ce «mec» opportuniste qui se prenait :
– tantôt pour un libéral, «un petit bourgeois» quand ces intérêts se mariaient avec ;
– tantôt pour un socialo pour garantir sa part du gâteau socialisé, sachant que «el-khobza taa aachra ma tayb, oui la tabat tanharague» ;
– tantôt pour un communiste (pagsiste) pour tirer les dividendes du système ;
– tantôt pour un trotskiste, à qui la belle parole féminine dépasse «el-rodjla, ergaz» ;
– tantôt pour un islamo qui voulait défendre l’indéfendable ;
– tantôt pour un intellect croyant au beau mot, faisant qu’un nouvel esprit ou valeur morale se balance avec le bien-être spirituel.
La fausse libre expression (la tchatche) acquise suite à la démocratie responsable où les «chikayate» faussent tout concept de base pour mieux se positionner non pas à travers les idées, mais à travers ses actions pour amadouer à sa guise la rente et les bienfaits du pouvoir, et gommer les valeurs universelles, les valeurs morales, les valeurs religieuses, les normes et références scientifiques. Qui naissent de ce tri-type «balance-glaive-plume». C’est comme les parents qui s’en foutent éperdument de la justice, ce qu’ils veulent le plus et le plus important, c’est bien la paix. La rente fait l’affaire pour la restauration de la paix sociale et la justice en tant que concepts. Il y a ceux qui expérimentent le mécanisme de ces mouvements sociaux factices de chez nous précités sans esprit contestataire ni action protestataire, pour être simplement opportunistes. Les transfuges, les félons, les renégats, ah !, qu’ils sont nombreux dans ce sacré pays, on les voit surtout dans les partis de premier plan (FLN- RND- Hamas-PST-RCD-FFS). Ces gens-là, comme disait J. Brel, ils ne savent pas protester, mais pour un sou en dinar, ils changent de veste, sinon ils la retournent dans le bon sens, «el-kafza trabah» et la philosophie n’a jamais nourri un âne (tafalssafa el-himar fa mata jouân).
Ils n’ont pas peur, ni honte, ni ne sont gênés d’être profiteurs, puisque c’est leur fonction quotidienne, ils évitent toujours d’être des agitateurs de peur que leur maître ne leur enlève cette fonction de vassalité ; c’est bien de grimper à travers tous les passe-droits et compagnie (corruption-clientélisme…), mais la descente, comme un Belkhadem devenant «mauvais khadem» en sait beaucoup, car dans ce pays tout se décrète et les médiocres semeurs d’immoralité et de déliquescence sont les gagnants pour un temps. Ils savent très bien acheter la confiance de la plèbe à coup de billets de 1 000 DA et des promesses oubliées lors des consultations maculées ou cousues avec du fil de resquille pour les propulser vers la boîte (urne) locale, régionale et nationale d’enregistrement. L’unique geste, c’est de bien savoir retourner sa veste toujours dans le bon côté, côté rente, côté finance, côté «bni-aamiste». Cet opportuniste qui vague dans les partis, qui fait la masse sans les idées, la force sans le poids, ces coteries font la cote du pouvoir despotique, du pouvoir autiste, du pouvoir maffieux.
Ces opportunistes de tous les jours ne contestent jamais, ne protestent que pour leur propre intérêt personnel, ne revendiquent que des prêts non remboursables, des prêts sans intérêts, des lots de terrains, des avantages personnels, des passe-droits, des alliances contre nature… pour avoir la part du gâteau-rente, c’est de cette manière que la veste doit être retournée. Le cri s’entend : vive la révolution, vive la démocratie, vive la république bananière, vive les institutions non légitimes, vive le président, vive le roi même mort ! C’est le seul geste qu’ils savent faire, ils ont tellement retourné leur veste qu’elle risque de craquer de tous les côtés et à la prochaine révolution, si émeute il y a, ils vont retourner leur pantalon pendant la révolte ! La grandeur de la nation ne peut être assurée par des affairistes, des arrivistes, des carriéristes et des opportunistes, mais bien par la vérité et la justice qui doivent être souveraines. Ceux qui sont au pouvoir imposent leur vérité, ceux de l’opposition veulent leur vérité ! Mais la vérité est ailleurs chez ce peuple qui n’arrête pas de ronfler. N’est-ce pas, Monsieur Jacques Dutronc ?
M. B.
Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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