Une semaine sanglante dans le monde : la deuxième vie du groupe terroriste Daech
Au moins quatre pays ont été secoués par une vague terroriste sans précédent durant cette semaine : la Turquie, le Bangladesh, l’Irak et, enfin, l’Arabie Saoudite. Il s’agit des actions les plus meurtrières depuis des années dans certains de ces pays, comme l’Irak, où une attaque revendiquée par Daech a fait dimanche dernier plus de 200 morts à Baghdad. Ce regain de violence dans cette région marque une tendance qui va crescendo chez les dirigeants de l’organisation terroriste dite «Etat Islamique en Irak et au Levant», et vite décelée par des experts internationaux, d’extraterritorialiser leur action suite aux coups de boutoir qu’ils ne cessent de recevoir. En Syrie, notamment, grâce à une coordination efficace entre l’armée syrienne et l’aviation russe, et en Irak où l’armée régulière a réussi, il y a quelques jours, à reprendre la ville symbolique de Fallouja aux phalanges de Daech, soutenues par les milices sunnites financées par l’Arabie Saoudite. Des succès retentissants que ne peut, néanmoins, revendiquer la coalition internationale qui patauge, depuis une année, dans sa «guerre globale» contre le terrorisme dans la région du Moyen-Orient.
Ce changement de tactique inquiète les états-majors occidentaux au plus haut point, parce que les groupes affiliés à Daech, qui reprend ainsi le chemin de son ancêtre Al-Qaïda, sont aujourd’hui tentés d’intensifier leurs attaques dans les pays occidentaux. Le dernier attentat perpétré à l’aéroport de Bruxelles a sonné l’alerte dans toutes les capitales européennes et même à Washington, où le chef de la CIA, dans une récente déclaration, n’exclut pas des attaques similaires ou encore plus spectaculaires dans son pays. C’est dire qu’aucun pays ne se sent aujourd’hui à l’abri d’une incursion terroriste majeure.
Dans la région arabe, il est à signaler une incursion «innovante» des terroristes, en s’attaquant à un lieu à très forte charge symbolique : la mosquée du Prophète à Médine, deuxième ville sainte de l’islam. Les terroristes ont, cette fois-ci, combiné une série d’attaques ayant ciblé en même temps des villes sunnites (Djeddah, capitale économique, puis Médine) et une ville à majorité chiite, Al-Qatif, à l’est du pays. Les auteurs ou commanditaires de ces attentats ont certainement voulu adresser un message qui reste à décrypter.
Face aux menaces qui les guettent en permanence, les gouvernements de ces pays sont réduits à renforcer leurs dispositifs sécuritaires et juridiques, qui sont déjà assez corsés, mais semblent incapables de juguler cette déferlante et ne disposent pas de stratégie claire et coordonnée pour circonscrire le danger. D’ailleurs, le futur chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), le général Thomas D. Waldhauser, dans une déclaration devant le Congrès américain, le 22 juin dernier, a avoué que son pays n’avait pas de stratégie «secrète» pour intervenir contre les terroristes en Libye où Daech grignote chaque jour une nouvelle parcelle de ce vaste pays en proie à une guerre civile dévastatrice depuis le renversement du régime de Kadhafi.
R. Mahmoudi
Comment (16)