Les Français s’intéressent de près à la succession de Bouteflika
La succession du président Abdelaziz Bouteflika, très affaibli par la maladie, revient souvent dans la presse française. Des sites électroniques aux journaux, en passant par des magazines, le sujet est traité sous tous les angles. Des noms de prétendants sont avancés et des projections sont faites. La dernière production médiatique sur le sujet a été faite par le quotidien Le Monde réputé pour être très proche du quai d’Orsay. Dans cet article intitulé «En Algérie, une multitude de prétendants à la succession de Bouteflika», Le Monde décrit une situation de fin de règne de Bouteflika sur fond d’inquiétude quant à la capacité de la présidence à garder le contrôle du pouvoir.
Transmettant visiblement la perception des «réseaux» diplomatiques français en Algérie, ce quotidien, en procès avec le président Bouteflika qui le poursuit pour diffamation, présente Ahmed Gaïd-Salah comme un sérieux prétendant à la succession à Bouteflika. De tous les prétendants, estime ce quotidien, le chef d’état-major de l’ANP qui est aussi vice-ministre de la Défense semble celui pour qui le rapport de force est plutôt favorable. «C’est surtout le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, 76 ans, qui fait parler de lui : certains observateurs disent qu’il se verrait bien en “Sissi de l’Algérie”, en référence au président égyptien qui a accédé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat contre les Frères musulmans, assurant sa réputation d’homme à poigne. Proche du clan présidentiel, Gaïd Salah semble sortir renforcé des récents bouleversements au sommet de l’Etat : son rival de toujours, le général Toufik, chef des services de renseignement, a été mis à la retraite en septembre 2015», souligne Le Monde qui cite d’autres prétendants qui font partie de compartiments différents du clan présidentiel.
«Le nom du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est régulièrement évoqué, mais celui-ci est davantage considéré comme un bureaucrate», estime Le Monde pour lequel le clan présidentiel mise aussi sur Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND, ancien Premier ministre. Le Monde cite aussi «le frère cadet du président, Saïd, dont on dit qu’il est le véritable décideur du pays».
Pour Le Monde, la candidature de Chakib Khelil ne semble pas une piste sérieuse en raison de son passif judiciaire qui le rend très impopulaire. Ce même quotidien avance deux noms bien connus dans l’opposition, à savoir Mouloud Hamrouche et Ali Benflis. Deux anciens Premiers ministres qui «se verraient bien en hommes de la transition, mais ont jusqu’ici échoué lorsqu’ils se sont présentés à une élection». L’enjeu du clan présidentiel, souligne Le Monde, est de pouvoir trouver le bon profil qui va perpétuer ce système mis en place par Abdelaziz Bouteflika et qui consiste à garder le pouvoir absolu au niveau de la présidence de la République grâce au regroupement dans le clan présidentiel de forces contradictoires. Va-t-on donc trouver cet homme capable de continuer à fédérer ces forces pour garder encore longtemps le pouvoir ? Si les médias français s’intéressent à la succession de Bouteflika, c’est parce que la France a beaucoup d’intérêts à préserver en Algérie et ses dirigeants tendent l’oreille au moindre bruit venant d’Alger.
Sonia Baker
Comment (88)