Abdesselam Ali Rachedi : «Le pouvoir ne se soucie pas de la création de richesses»
L’ancien ministre du gouvernement Mouloud Hamrouche, Abdesselam Ali Rachedi, analyse la situation politique du pays dans une contribution publiée sur son mur Facebook. Cet ancien député FFS parle de la responsabilité des partis politiques dans cette situation.
Pour lui, «les chefs de formations politiques ne sont pas dans une logique politique. Ils sont dans une logique populiste qui est la négation même du politique». Dans le discours populiste, dans ses deux versions nationaliste et islamiste, il y a un déni de la diversité, un rejet de l’individualisme et une hostilité déclarée aux élites (intellectuelles ou économiques), a-t-il souligné. A cela s’ajoute «une méfiance vis-à-vis de l’étranger qui peut aller jusqu’au rejet sans appel de la modernité». «Seul le peuple est paré de toutes les vertus et glorifié en permanence. Ce système fonctionne grâce au charisme d’un chef omnipotent et son lien direct, quasi mystique, avec le peuple. Nul besoin dans ces conditions de corps intermédiaires, ni d’institutions, sauf comme vitrine pour la consommation externe. Si quelqu’un s’autorise à émettre une opinion contraire, il est vite voué aux gémonies comme “traître à la nation”», a-t-il décrit. Il estime ainsi que tous les partis créés depuis 1989 l’ont été sur le modèle du parti unique, c’est-à-dire sur une base nationale populiste.
Commentant la situation économique et les réformes annoncées en chaîne pour faire face à la crise générée par la chute du prix du pétrole, Abdesselam Ali Rachedi a affirmé que «le pouvoir n’a jamais mis la création de richesses au centre de ses préoccupations». «Mieux encore, ce pouvoir ne s’est jamais préoccupé de collecter l’impôt. Et pour cause, un contribuable cherchera toujours à savoir ce qu’on a fait de son argent et demandera des comptes aux gouvernants», a-t-il estimé, précisant qu’«historiquement, les parlements ont été inventés pour limiter l’arbitraire des rois dans la collecte des impôts».
«Chez nous, c’est la mentalité rentière qui a prévalu : consommer la richesse, sans se poser la question de sa production. Au lendemain de l’Indépendance, le pouvoir a disposé d’une première manne considérable constituée par les biens vacants. Donc nul besoin de collecter l’impôt. Puis, après 1973, c’est la manne pétrolière qui a vraiment fondé l’économie rentière», a encore relevé cet ancien député, soulignant que «par définition, un régime populiste ne veut pas d’entrepreneurs indépendants et de la constitution d’une société civile autonome échappant à son pouvoir».
Sonia Baker
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