Bernard Emié : «L’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste est irremplaçable»
L’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, tente de faire le bilan des relations entre les deux pays, en mettant en relief le nouvel élan que connaît la coopération entre Alger et Paris, en dépit des turbulences ayant quelque peu ralenti cette relance au plan politique. Dans la dernière édition du Bulletin électronique Binatna, diffusé par l’ambassade de France à Alger, le diplomate estime que cette relation est devenue «exemplaire» grâce à «un désir partagé de regarder de l’avant, tout en ayant toujours à l’esprit les drames du passé». Il évoque «une rencontre de mémoire» entre les deux rives. «C’est souvent dans l’épreuve qu’on reconnaît ses vrais amis. L’Algérie était au rendez-vous de la solidarité et de l’amitié, et son expérience irremplaçable du combat contre le fléau du terrorisme constitue un nouvel axe de la coopération entre nos deux pays», souligne l’ambassadeur.
Cette reconnaissance de l’ambassadeur français confirme tacitement l’information selon laquelle la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française a officiellement demandé la coopération des services de sécurité algériens afin de prévenir les risques d’attentats terroristes durant la Coupe d’Europe des nations (Euro 2016), qui vient de se dérouler en France. Les Français ont surtout besoin de l’aide algérienne dans la traque menée contre les groupes terroristes au nord du Mali, et également contre les activités terroristes de Daech en Libye. Car l’expansion de cette nébuleuse inquiète au plus haut point les gouvernements occidentaux, alors que ceux-ci ne disposent pas d’informations suffisantes sur ses ramifications régionales.
Aussi l’expérience algérienne dans le domaine de la lutte antiterroriste est-elle très recherchée dans cette conjoncture marquée par la montée de la violence terroriste en France, avec la multiplication des attentats meurtriers, et également par le durcissement des dispositifs sécuritaires et judiciaires qui inspire aujourd’hui une radicalisation accrue de la position officielle de Paris sur la question du terrorisme dans le monde.
Bernard Emié parle, ici aussi, de «mémoire apaisée» avec un déplacement remarqué, «le premier depuis l’indépendance», du ministre des Moudjahidine en France fin janvier 2016. Faisant le bilan de la coopération politique, l’ambassadeur français relève «le rythme effréné» de visites ministérielles (pas moins de 19 à Alger entre septembre 2015 et juin 2016, et 14 à Paris sur la même période) qui, selon lui, «témoigne d’un dynamisme exceptionnel».
Au plan culturel, il est noté dans l’éditorial la présence «remarquée» de la France, invitée d’honneur pour la première fois du Salon international du livre d’Alger en novembre dernier. Dans le domaine économique, le diplomate rappelle la signature de 31 accords lors de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau, présidée par les deux Premiers ministres en avril 2016 qui, selon lui, apporte la preuve que «les résultats du partenariat économique sont là, et bien là». Au plan environnemental, enfin, l’éditorialiste met l’accent sur la relance du partenariat entre la France et l’Algérie depuis la Conférence de Paris sur le climat (la fameuse «COP 21»).
R. Mahmoudi
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