La fausse «affaire» Omar Alilat ou l’histoire ridicule d’une «corruption» à 1 000 euros !
Un quotidien espagnol, El Mundo pour ne pas le citer, pourtant réputé sérieux – mais très loin de la notoriété d’El Pais –, s’est fendu, dans sa rubrique «enquête», de tout un article, lundi 11 juillet 2016, pour nous révéler que le montant d’une commission versée à une personnalité algérienne en échange d’un service pour l’obtention de contrats s’est élevé à…1000 euros. Le député algérien Omar Alilat, accusé par l’article d’avoir reçu cette somme, a formellement démenti l’accusation et a annoncé qu’il va demander des explications au journal espagnol qu’il envisage également de poursuivre en justice. Il affirme, dans les colonnes du quotidien arabophone Echorouk, qu’il n’a absolument rien à voir avec les faits qui sont rapportés par El Mundo et qu’il exigera la publication d’un démenti. Omar Alilat a envoyé son avocat en Espagne dans ce but.
En plus de ce démenti qui montre que le journal El Mundo n’a pas cherché à vérifier ses accusations et tout ce qu’il a écrit, l’article a un côté vraiment burlesque. En effet, que valaient 1 000 euros en décembre 2011, c’est-à-dire à la date du prétendu virement qui prouverait cette corruption portant sur un marché de plus de 200 millions d’euros, comme l’a fait remarquer Omar Alilat ? Certes, les Algériens ont aspiré, à un moment, à cette somme comme montant annuel, en devises de l’allocation touristique qui leur est consentie. Mais si, réellement, la corruption descendait à cette échelle, les corrompus finiraient par faire pitié. Accepter de rendre un service en toute illégalité, avec les risques que cela comporte, en contrepartie d’une aussi modique somme est invraisemblable, sachant dans quel ordre de grandeur se situent les montants versés pour aider à améliorer le climat des affaires un peu partout dans le monde, et il n’y a aucune raison pour que les transactions qui se déroulent en Algérie échappent à cette règle d’or. Et, de plus, on pourrait se demander combien, sur ces 1 000 euros, sont allés dans le compte d’un quelconque fonctionnaire espagnol, pour être conforme au scénario de toute corruption qui engage au moins deux pays. Que resterait-il alors à l’Algérien, une fois cette ristourne défalquée, tout juste un petit argent de poche.
El Mundo n’a vraiment pas peur du ridicule. Il est affligeant de constater qu’en dehors de la révélation sur la modique somme de 1 000 euros, le nouveau traitement de cette affaire de corruption, réchauffée par El Mundo, puisqu’elle a été déjà évoquée une première fois en décembre 2015 et reprise par des médias algériens, n’apporte rien de nouveau, comme si elle était dénuée de toute investigation journalistique. Elle surgit alors qu’en Algérie même, les affaires qui ont longtemps été fortement médiatisées, comme celle de Sonatrach dans laquelle le nom de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, a souvent été cité, sont maintenant comme mises sous l’éteignoir. On peut penser qu’El Mundo a besoin, à tout prix, de remplir sa page «enquête» pour rester dans la dénonciation sensationnelle des actes de corruption et quand la scène espagnole ne met rien sous les dents de ses journalistes, il se voit obligé de sortir un marronnier pas encore totalement épuisé. Mais, selon Echorouk, pour le député algérien Omar Alilat, il s’agit d’une manœuvre visant à ternir l’image de l’Algérie et de son président.
Houari Achouri
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