Bouteflika, Bensalah, Ould Khelifa : un pouvoir suranné qui fait obstacle au progrès
Le transfert du président de l’Assemblée populaire nationale (APN) en France, Larbi Ould Khelifa, suite à la «dégradation de son état de santé», selon ce que rapportent certains confrères – il n’y a pas eu de communiqué officiel –, met en avant la question qui taraude l’esprit de tous les Algériens : jusqu’à quand les tenants du système actuel comptent-ils rester en poste à tout prix ? La maladie du président de la République qui a fortement diminué ses capacités à diriger le pays dans un contexte extrêmement difficile était déjà source d’inquiétudes depuis son premier malaise survenu en 2005. Bien qu’ayant repris ses fonctions plus ou moins normalement, Abdelaziz Bouteflika, qui semble ne pas s’être ménagé malgré les consignes de ses médecins, sera victime d’un accident vasculaire cérébral autrement plus grave, quelques années plus tard, qui le maintiendra loin des feux de la rampe jusqu’à aujourd’hui, au point que de nombreuses voix s’élèvent pour s’interroger sur les «véritables décideurs» qui tiennent les rênes du pays. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, est lui aussi fatigué, dit-on. Des sources concordantes ont affirmé, en effet, qu’il serait également malade. Hormis l’âge – Bouteflika, Bensalah et Ould Khelifa ne sont pas loin des quatre-vingts ans –, les trois premiers hommes de l’Etat incarnent, en quelque sorte, la situation de blocage actuelle du pays.
Bien que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, redouble d’efforts et tente par les moyens dont il dispose de remédier à la chute brutale des cours du pétrole, en faisant plein cap sur l’investissement, en multipliant les appels à abandonner la mentalité d’assistanat et en encourageant l’action, en dépit de la difficulté à faire se déshabituer les Algériens de leur dépendance quasi totale de la distribution de la rente, la gestion politique de la cité pose un sérieux problème. D’un côté, le gouvernement travaille d’arrache-pied pour éviter que la crise pétrolière mondiale ne fasse subir au pays de graves dégâts – à l’image de ce qu’il se passe au Venezuela et sachant que même les richissimes monarchies du Golfe n’ont pas été épargnées –, de l’autre, le chef de l’Etat, qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains depuis 1999, maintient le statu quo. Il répugne à opérer les réformes politiques impératives et urgentes pour permettre aux Algériens de s’affranchir des vieux réflexes et libérer l’initiative de sorte à abjurer la conduite hyper-politisée des affaires de l’Etat.
La nouvelle Constitution – élaborée et adoptée unilatéralement – qui était censée permettre ce changement a fini par être foulée aux pieds par ceux-là mêmes qui l’ont conçue dans les bureaux capitonnés d’El-Mouradia et fait voter par des «représentants du peuple» complètement inféodés à l’Exécutif et enfermés dans la tour d’ivoire du Club des Pins. Signe que le pouvoir politique est lui-même dépassé par les événements et s’accroche autant que faire se peut à une planche de salut factice, en recourant à des solutions de rafistolage qui ne font qu’aggraver la situation et empêchent les véritables thérapies, alors que le temps presse.
M. Aït Amara
Comment (69)