L’ancien maire de Nice accuse les services des renseignements français de négligence
C’est un ex-maire de Nice très remonté contre les services de sécurité français qui est intervenu, tôt ce matin, sur la chaîne d’information continue iTélé. Christian Estrosi a affirmé qu’il ne comprenait pas comment quelqu’un qui était fiché par la police pour des actes de délinquance «mineure» n’ait pas été surveillé de plus près dans ce contexte marqué par une vague de terrorisme sans précédent. L’ancien maire de Nice, qui est en même temps le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a laissé entendre qu’il ne s’arrêterait pas là et qu’il comptait bien demander des clarifications sur cette négligence.
Le membre du parti des Républicains est connu pour ses positions politiques parfois assimilables à celles de l’extrême droite. Mais Christian Estrosi pose un problème de fond lorsqu’il s’interroge indirectement sur ce qui ne va pas dans le travail complexe des services spéciaux français, tandis qu’on assiste à un foisonnement invraisemblable de foyers de la délinquance à travers toute la France. Un phénomène qui ne semble pas inquiéter outre-mesure les responsables politiques de ce pays, malgré les innombrables mises en garde des différentes institutions sécuritaires. A cela s’ajoute la traditionnelle guerre larvée entre l’ex-DST (devenue DGSI après sa fusion avec les Renseignements généraux) et la DGSE, le service d’espionnage qui a joué un rôle néfaste dans la guerre contre le terrorisme islamiste depuis son irruption en Algérie.
Dans une interview à un quotidien national parue en 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre, le recteur de la Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubakeur, avait dénoncé avec force la réaction pusillanime des autorités françaises qui laissaient proliférer ce qu’il avait qualifié d’«islam des caves», véritable machine à fabriquer des terroristes. Le recteur de la Mosquée de Paris faisait allusion aux extrémistes religieux financés et entretenus par la monarchie wahhabite – avec laquelle la France entretient des relations fondées sur des intérêts éminemment mercantiles –, qui menaient des campagnes d’endoctrinement et convertissaient des voyous en «fous de Dieu». Si bien que les terroristes qui massacrent des citoyens innocents par dizaines aujourd’hui sont le pur produit de ces lieux d’embrigadement qui ont donné naissance à des terroristes capables du pire.
Par ailleurs, l’attentat meurtrier de Nice a brisé l’alliance politique conjoncturelle entre la droite et la gauche au pouvoir, née des précédentes attaques terroristes. La critique sévère de l’ancien maire de Nice à l’endroit des services de sécurité est teintée de récrimination politique, même si les acteurs majeurs de la scène politique française s’abstiennent pour l’instant, par décence ou par calcul, de régler leurs comptes en public. Mais ça ne saurait tarder.
Le terrorisme islamiste va conduire à une confrontation ouverte et directe entre le président en exercice et son prédécesseur qui détient une grande part de responsabilité dans les attentats terroristes qui endeuillent le peuple français, depuis sa décision hasardeuse d’envahir la Libye, de renverser le régime de Kadhafi et de le faire assassiner, sur conseil du très influent activiste sioniste Bernard-Henri Lévy. A sa prise de fonction, le président François Hollande n’a pas dérogé à l’interventionnisme militaire hérité de Nicolas Sarkozy. Le prix à payer pour ces errements géostratégiques et ce machiavélisme électoraliste de la classe dirigeante française sera lourd pour l’ensemble des Français. Malheureusement.
Karim Bouali
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