De la «radicalisation rapide» ou comment Cazeneuve corrige la bourde de Hollande
Le ministre français de l’Intérieur multiplie les déclarations au lendemain du tragique carnage qui a coûté la vie à 84 personnes et blessé des dizaines d’autres, dont de nombreux enfants. Dès l’annonce de ce triste événement, le président François Hollande s’est empressé de dénoncer un «acte terroriste» sans attendre de connaître la vérité sur ce qu’il s’était vraiment passé à Nice, dans la nuit du 14 juillet. François Hollande a-t-il été induit en erreur par ses collaborateurs ou a-t-il intentionnellement imputé le massacre des pauvres innocents écrasés par un poids lourd, alors qu’ils passaient du bon temps sur la Promenade des Anglais, aux terroristes islamistes ?
A peine sorti du conseil de défense restreint que le président Hollande avait présidé le lendemain du drame, Bernard Cazeneuve invente un nouveau concept. L’auteur du carnage «a subi une radicalisation rapide» a assuré le ministre de l’Intérieur aux journalistes qui l’attendaient sur le parvis de l’Elysée. Ses points de presse tourneront tous, depuis cette fameuse réunion avec le chef de l’Etat, autour de ce concept inédit accueilli avec beaucoup de scepticisme par les observateurs avertis.
Pour appuyer cette orientation vers la piste terroriste islamiste, les médias français ont, dans leur totalité, repris un communiqué de Daech qui aurait «revendiqué l’attentat» dans un message auquel, étrangement, il a été fait un écho tellement large qu’il conforte le scepticisme de tous ceux qui pensent que le carnage de Nice n’est pas un acte terroriste. Cet acte ignoble n’a rien à voir avec la nébuleuse islamiste, dans la mesure où son auteur n’était motivé par aucune considération politique, religieuse ou idéologique.
En insistant sur le caractère terroriste du carnage de Nice, les autorités françaises s’enlisent dans leurs propres contradictions et aggravent la situation en voulant aller jusqu’au bout de leur logique. C’est ainsi que le débat est exclusivement orienté vers le renforcement des mesures de sécurité pour faire face aux «menaces terroristes», alors qu’il est admis que le Français – d’origine tunisienne – qui a commis l’irréparable est un déséquilibré mental. Ce dernier a agi comme d’autres psychopathes ont perpétré, avant lui, des massacres semblables en Allemagne où un élève exclu a abattu douze enseignants, en Norvège où un névrosé a tué soixante-neuf personnes ou encore aux Etats-Unis où douze cinéphiles ont été tués de sang-froid alors qu’ils regardaient un film à Aurora, dans le Colorado, en 2012. Et les exemples sont encore beaucoup plus nombreux.
La question est de savoir jusqu’où les responsables politiques français et les médias dominants – qui font preuve d’un suivisme intrigant – iront dans leur manipulation des faits pour corriger une erreur de jugement qui aurait pu être rectifiée par un simple rétablissement des faits, sans que cela soit en quoi que ce soit préjudiciable pour l’image de marque du locataire actuel de l’Elysée, en cette période où tous les regards sont braqués précocement vers la présidentielle de 2017.
En politique, le nombre de morts importe peu. Seul compte le pouvoir. On l’a vu en Turquie où des officiers de l’armée ont tenté d’occuper le Palais blanc par la force et le Président s’y maintenir également par la force, en marchant, les uns et les autres, sur les cadavres des nombreuses victimes civiles.
M. Aït Amara
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