Lettre à mes amis et compatriotes d’Algeriepatriotique
Par Youcef Benzatat – Chers amis et compatriotes de l’équipe d’Algeriepatriotique ! Je vous souhaite beaucoup de détermination et de volonté dans votre travail de sensibilisation des Algériens au patriotisme intelligent, celui qui s’ouvre sur l’universel, contrairement au nationalisme dogmatique, celui replié sur lui-même, vecteur de division et de haine inter-ethnique et communautaire et pourvoyeur de régression, de violence et d’incertitudes. C’est un grand honneur pour moi de vous lire et de partager vos convictions devant la tâche qui nous incombe en tant que citoyens militants ; nous œuvrons par de modestes contributions à la fondation des assises d’une nation prospère, respectée dans le monde et garante pour la sécurité et la prospérité de toutes ses composantes humaines, au-delà des différences ethniques, culturelles, religieuses et régionales qui les caractérisent.
D’autant que l’exigence patriotique de cette posture vient coïncider par beaucoup de ses aspects avec la ligne éditoriale de votre journal qui me semble évacuer de ses préoccupations toute accointance clanique et partisane qui anime généralement la volonté de nos médias dits «indépendants», pris au piège de la survie financière et parfois idéologique. Notons au passage les relations troubles d’un «grand» média national, ainsi que d’autres de moindre importance, qualifiés sur votre propre journal de «médias fast-food», avec des activistes manipulés par des officines étrangères, que cite en référence à chaque occasion les médias étrangers affiliés à ces mêmes officines étrangères qui complotent à notre insu pour notre anéantissement. Parfois en les abritant au sein même de leurs rédactions, en leur ouvrant leurs tribunes, pis, en contribuant à amplifier leurs actions subversives.
A ce propos, nous avons dénoncé et confondu autrefois l’imposture du mouvement Barakat qui a failli duper plus d’un et qui s’inscrit en droite ligne dans ce vaste complot qui menace notre paix civile et l’intégrité de notre territoire. Le voilà aujourd’hui de retour sous un nouveau masque au nom de «Qoum» (lève-toi !), qui est en réalité ce même mouvement Barakat travesti en apparence à l’occasion et qui compte à sa tête les mêmes membres du GPK et autres berbéristes radicaux régionalistes et autonomistes de Barakat, qui ne manifestent aucun intérêt pour l’idée de nation algérienne, transculturelle et cosmopolite dans laquelle toute Algérienne et tout Algérien se sentiraient représentés et respectés.
A noter que si un tel mouvement parvient à duper la masse des résignés et les amener à la tentation de l’action de rue, c’est parce qu’en face le statu quo apparaît comme un obstacle infranchissable. En effet, le système de pouvoir algérien, fort de ses appuis, constitué pour l’essentiel des corps armés, ANP, police, gendarmerie, services de sécurité et tout un sérail d’opportunistes corrompus à leur service pour jouer la façade démocratique et l’Etat de droit semble avoir de beaux jours devant lui. Une assurance que soutient un certain discours médiatique qui participe à sa façon à l’entretien de cette illusion d’un régime démocratique et d’un Etat de droit. Il n’y aura pas un après Bouteflika, comme il n’y a jamais eu un avant. Le système est ce qu’il est et son départ de la présidence sera sans aucun doute un non-événement. Un autre imposteur, au visage de cire, prendra sa place comme à l’accoutumée pour perpétuer le système totalitaire, liberticide et corrompu qui caractérise le système de pouvoir algérien depuis notre accès à l’indépendance nationale.
Face à une aussi brutale situation dictatoriale, ne nous étonnons pas que la moindre action dangereuse pour sa pérennité, son ou ses auteurs sont systématiquement mis hors d’état de nuire. L’expérience du général à la retraite Benhadid et le couperet sur la liberté d’expression qui s’en est suivie en disent long sur les choix à prendre pour tenter de renverser cette dictature qui prend en otage le destin de notre nation. Notre conviction est que le peuple algérien n’est pas en mesure dans la situation qui le caractérise aujourd’hui à pouvoir restituer sa souveraineté législatrice par une action de rue. Végétant dans une conscience pré politique façonnée par un demi-siècle de dépolitisation de masse, conjuguée à sa nucléarisation en autant de groupes ethniques, religieux, identitaires, une telle action aura pour conséquence chaos et destruction et la voie ouverte à notre recolonisation et la partition de notre territoire.
Pour mettre du mouvement dans ce statu quo (dixit notre héros national Hocine Aït Ahmed), nous n’avons plus d’autre choix que d’agir sur nos propres impasses en tant que peuple soumis et résigné, divisé et antagonique, par un travail de fond qui puisse mener vers la conscientisation de l’intérêt de l’action politique pacifique dans l’unité pour amener la dictature face à ses propres contradictions et par conséquent de son effondrement. Une action politique, non pas pour quémander quelques strapontins à l’Assemblée nationale mal élue, mais pour semer le doute dans l’esprit des cadres de la chaîne de commandement de ce système de pouvoir et paralyser le processus de domination par lequel il confisque perpétuellement la voix du peuple. Sans doute, cela ne va pas sans un travail de fond sur la démythologisation de notre perception du religieux vers la nécessité de l’acquisition de la conscience citoyenne dans un véritable Etat républicain, comme la nécessité de dépasser les structures mentales patriarcales qui fond des leaders politiques des gourous de sectes au lieu de militants porteurs de projets politiques transparents et convaincants pouvant mobiliser autour d’eux le potentiel des électeurs.
L’expérience de l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour en est un témoignage éloquent. Son projet de mobilisation citoyenne pour participer à l’élection présidentielle de la honte, celle du quatrième mandat de Bouteflika impotent à la tête d’une gouvernance devenue synonyme de corruption et de blocage du développement de la société, avait montré ses limites du fait de la non-observance des conditions citées plus haut, qui n’ont été ni observées, ni prises en compte. En fin de sa campagne électorale, une fois qu’il a réussi à fédérer autour de son projet de très nombreux réseaux de soutien par un discours rassembleur, il a fini par se renier et procéder à des purges au sein de ses réseaux pour en faire des sectes islamistes où il s’est mis à se comporter en un véritable gourou.
Y. B.
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