Lutte antiterroriste : le député socialiste Patrick Mennucci appelle les Français à suivre l’exemple algérien
Lors du débat à l’Assemblée française sur la prorogation de l’Etat d’urgence qui s’est tenu hier mardi, le député Patrick Mennucci (PS) des Bouches-du-Rhône (sud de la France) a donné l’exemple du peuple algérien qui a pu isoler les GIA et permis la défaite du terrorisme en Algérie. Au lendemain du carnage de Nice, beaucoup de commentateurs et d’hommes politiques ont évoqué le cas d’Israël qui a «su faire face au terrorisme», et appelé les responsables français à solliciter l’expertise israélienne en la matière. Presque tous ont occulté l’expérience algérienne et ont donc pensé à l’Etat hébreu bien qu’il s’agisse de deux choses complètement différentes. Dans ce domaine, il est plus pertinent de faire référence à notre pays que de citer l’exemple d’Israël où il s’agit d’un conflit armé dont les données sont clairement définies et l’issue possible inscrite dans un processus de paix sur la base de négociations engagées entre Palestiniens et Israéliens.
Ce qui se passe en France relève d’un terrorisme que les Algériens connaissent bien puisqu’il a commencé, dès le début des années 1990, à frapper d’abord notre pays. Les experts français qui ont suivi la situation en Algérie, à cette période, et en ont tiré les enseignements, notamment sur la façon dont le terrorisme a été vaincu, devraient faire part de ce qu’ils savent de cette expérience et orienter la réflexion sur la meilleure manière de l’adapter au terrain français. Avant l’attentat qui a endeuillé la Promenade des Anglais, à Nice, le soir du 14 juillet, l’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, insistait, dans la dernière édition du bulletin électronique Binatna, diffusé par l’ambassade de France à Alger, sur l’expérience irremplaçable du combat contre le fléau du terrorisme, acquise par notre pays, et soulignant que c’était un nouvel axe de la coopération entre nos deux pays. Au plan régional, les Français sollicitent déjà l’aide algérienne dans la traque menée contre les groupes terroristes au nord du Mali, et également contre les activités terroristes de Daech en Libye. La France est placée devant l’impératif d’élaborer la riposte la plus appropriée face à la multiplication des attentats meurtriers qui frappent son territoire.
Dans ce sens, l’expérience de notre pays peut inspirer une telle démarche. Les Algériens ont acquis un grand savoir-faire dans les opérations de déradicalisation en agissant sur plusieurs registres pour réhabiliter le rôle des acteurs sociaux dans les médias, l’école, la mosquée et aussi de la sphère politique dans le but de soustraire à la propagande de Daech et à ses recruteurs, les personnes, particulièrement les jeunes, qui sont exposées à cette influence, et qui, de par leur précarité, sont les plus vulnérables. Les spécialistes algériens attirent l’attention sur le phénomène de l’islamophobie qui est un facteur indéniable de radicalisation et qui doit être inscrit dans la stratégie de lutte antiterroriste. Il est évident que les techniques sécuritaires les plus sophistiquées ne pourront pas empêcher, à elles seules, les actions terroristes, dans les conditions de la France. L’expérience algérienne a montré l’efficacité du travail de prévention, en agissant, en amont, dans la société et là où se trouvent les terroristes potentiels.
Houari Achouri
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