Le tueur atypique de Munich
Par Kamel Moulfi – Il aurait été sans doute plus simple, pour tout le monde, si le tueur de Munich avait eu un lien quelconque, réel ou virtuel, avec Daech. Il est d’origine iranienne, donc musulmane, mais c’est un forcené qui affirme qu’il est allemand, et on dit que son crime s’apparente plus au geste néonazi du Norvégien Anders Breivik. On l’avait d’ailleurs oublié ce tueur fou de l’île d’Utoya qui a fait œuvre de précurseur dans ce registre. Pour rappel, le 22 juillet 2011, Breivik avait d’abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite le siège du Premier ministre travailliste de Norvège, puis il s’est déguisé en policier, pour tromper la vigilance des membres de la Jeunesse travailliste réunis en camp d’été sur l’île d’Utoya, près d’Oslo, et tirer sur eux froidement pendant une heure, tuant 69 autres personnes.
Le même acte barbare que celui du Tunisien de Nice dont on n’arrive pas encore à dater exactement la radicalisation et le passage à Daech : est-il quelqu’un de fraîchement radicalisé ou un terroriste déjà membre de Daech que le scanner des services français n’a pu détecter ? Les profils des assassins, classés Daech ou assimilés, tels qu’ils sont décrits par les témoignages de leurs voisins, se mélangent, entre celui qui est gentil et dit bonjour à tout le monde et le pas du tout sociable qui ne salue personne ; entre celui qui est assidu dans la fréquentation de la mosquée et l’autre qui ne pratique pas la religion (musulmane, évidemment), il n’y a plus de profil type et les fiches S ne couvrent pas tout le spectre de cette criminalité politique, à motivations diverses. Quel dispositif mettre en place, comment endiguer cette déferlante ?
La banalisation du crime de masse à travers la médiatisation des attaques kamikazes ou à la voiture piégée qui frappent l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie donne des idées aux déséquilibrés tentés par le suicide. Le massacre est inscrit sur le compte de la «nouvelle guerre mondiale» si l’auteur est d’origine musulmane, car, dans ce cas, il ne peut pas être «forcené» à mettre dans la rubrique des faits divers. Les experts se démènent face à un écheveau inextricable, et cela n’annonce rien de bon pour les populations des pays qui ont été rattrapés par leurs politiques coloniales et néocoloniales passées et qui ont été nouvellement inscrits sur la liste des cibles des terroristes.
K. M.
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