Yves Bonnet appelle les autorités françaises à s’inspirer du service militaire algérien
L’ancien patron de la DST française a appelé les autorités de son pays à rétablir le service militaire, dans une tribune parue dans l’édition française du Huffington Post. Yves Bonnet accuse les députés qui ont voté pour la suppression du service national d’avoir agi ainsi pour assurer l’élection de l’ancien président Jacques Chirac : «L’imagination ne manque pas à nos députés pour donner au gouvernement les recettes miracles qui feront disparaître la menace de nouveaux attentats. Ils eussent été mieux inspirés – du moins ceux d’entre eux qui siégeaient à l’Assemblée nationale durant le septennat de M. Chirac – de refuser la suppression de service national qui, il est vrai, devait faire gagner les élections à ce brillant président». L’ancien chef du contre-espionnage français a qualifié cette mesure qu’il fut, rappelle-t-il, «un des rarissimes à rejeter», de «totalement démagogique».
Pour Yves Bonnet, la suppression du service militaire a «abouti à priver» l’armée française «d’une masse de manœuvre conséquente dont on voit bien aujourd’hui combien elle soulagerait gendarmes, policiers et militaires, harassés et finalement peu efficaces» face au terrorisme. «Il n’y a que les imbéciles, ironise-t-il non sans regret, pour ne jamais se tromper et il ne serait nullement sot de revenir à la création d’une garde nationale formée à partir de la conscription, en clair le rétablissement du service national».
Yves Bonnet prend l’Algérie comme exemple : «Regardons autour de nous : quels sont les pays les plus menacés et qui, cependant, assurent le mieux la sécurité de leurs citoyens ?», s’est-il interrogé, avant d’affirmer que l’Algérie «a fait de la conscription une des forces de son système». L’armée algérienne «libère ainsi les professionnels de la sécurité de fonctions certes utiles mais secondaires et peu exigeantes en termes de qualification», explique cet expert des questions sécuritaires. «En même temps, ajoute-t-il, ce pays [l’Algérie] popularise la cause d’une sécurité collective et responsabilise la masse citoyenne».
«C’est, à coup sûr, ce qui manque au gouvernement [français] : les moyens physiques de sa résolution», note Yves Bonnet, qui estime qu’«assurer la parfaite tranquillité de plus de 65 millions de personnes sur un territoire de 550 000 km² n’est simplement pas possible». En professionnel du renseignement, il préconise l’«identification légale et contrôlée de l’ensemble de la population» et répond d’avance à ceux qui y verraient une pratique portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée, que «la nation ne peut se résigner à ignorer qui sont ses enfants, ce qu’ils font, où ils habitent».
«Notre dispositif de sécurité manque sur le moyen et le long terme de moyens humains», relève Yves Bonnet, en soulignant que le ministre de l’Intérieur français «a beau mettre sur le terrain sa réserve citoyenne comme Napoléon jetait ses régiments dans la fournaise de Waterloo, ce ne sont pas de 20 000 femmes et hommes que l’on a besoin, mais de 300 000, et pas pour trois mois, mais pour des années».
M. Aït Amara
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