Des experts mettent en garde : «Hillary Clinton n’hésiterait pas à provoquer une guerre nucléaire»
Un média américain spécialisé dans le domaine de la géostratégie et les questions militaires, The Saker, a relevé, dans une excellente analyse sur les véritables rapports de forces entre les Etats-Unis et la Russie, que l’omnipotence américaine n’est que le produit d’une propagande «pré-emballée» propagée par des «médias commerciaux occidentaux» qui sont «remplis de telles absurdités». L’auteur de l’étude richement documentée et appuyée sur des exemples historiques ou contemporains concrets évoque deux raisons principales à cette déformation de la vérité. Il accable les journalistes «prêts à tout et bons à rien» qui «préfèrent diffuser de la propagande plutôt que faire l’effort d’essayer de comprendre». Il dénonce également les «têtes parlantes à la télévision» qui sont aussi de «simples propagandistes». Car les «vrais pros», pense-t-il, «sont occupés à travailler pour les diverses agences gouvernementales».
The Saker énumère sept idées reçues, savamment propagées par les Américains à travers les médias mainstream. Il cite en premier lieu le postulat selon lequel l’armée américaine aurait un immense avantage conventionnel sur la Russie. «Faux !» dit-il. «Cela n’a aucun sens de dire, par exemple, que les Etats-Unis ont 13 000 avions et la Russie seulement 3 000. Ce pourrait bien être vrai, mais c’est aussi non pertinent. Ce qui importe est seulement combien d’avions les Etats-Unis et l’Otan peuvent engager au moment du lancement des opérations de combat et ce que serait leur mission», explique ce média. Un deuxième cliché prétend qu’un «attaquant aurait besoin d’un avantage de 3 contre 1 ou même de 4 contre 1 sur le défenseur». Or, «cette règle est totalement fausse. Pourquoi ? Parce que le camp défensif a un immense désavantage : c’est toujours l’attaquant qui peut décider de quand attaquer, où et comment».
Au sujet de la suprématie de la haute technologie, The Saker note que ceci est une autre «affirmation extraordinairement fausse». «Pourtant, relève-t-il, ce mythe est érigé en dogme parmi les civils, en particulier aux Etats-Unis.» Il explique que dans le monde réel, les systèmes d’armes sophistiqués, «aussi précieux soient-ils, présentent aussi une longue liste de problèmes, le premier étant tout simplement leur coût». Autre inconvénient : la complexité des engins à la technologie sophistiquée permet de les attaquer de nombreuses manières différentes. Le média américain, agacé par la politique aventurière de Washington et du Pentagone, est convaincu, par ailleurs, que «la volonté est beaucoup plus importante que la technologie». Il en veut pour preuve la défaite «absolument humiliante et totale» infligée par le Hezbollah en 2006 à l’armée israélienne dotée «de haute technologie pour plusieurs milliards de dollars».
Abordant la question des budgets alloués à l’armée, The Saker dément l’idée que l’argent l’«emporte» en cas de guerre. Il prend l’exemple du F-22A de l’armée de l’air américaine qui a été «conçu pour une guerre contre la Russie». «Les Russes, souligne-t-il, ont déployé des systèmes de recherche et de poursuite à infra-rouge sur tous leurs Mig-29 et leurs Sukhoi-27» et avaient déjà commencé à développer des radars anti-furtifs, si bien qu’actuellement «le F-22A est fondamentalement inutile contre les radars russes modernes». Quant aux grandes alliances militaires qui aideraient à gagner les guerres, le militaire américain corrige ce stéréotype en prenant l’exemple de l’Otan : «La réalité est qu’il n’y a pas d’Otan hors des Etats-Unis. Les Etats-Unis sont le seul pays de l’Otan qui compte vraiment. Pas seulement en termes d’effectifs et de puissance de feu, mais aussi en termes de renseignement, de projection de force, de mobilité, de logistique, etc.»
The Saker bat en brèche l’idée selon laquelle un déploiement avancé confèrerait un avantage important. «Plus vous êtes près de la puissance de feu russe, des systèmes de guerre électronique, des réseaux et du personnel de reconnaissance, plus le nombre de menaces potentielles dont vous devez vous soucier est grand», nuance-t-il, tout en réfutant entièrement l’archétype autour duquel est bâtie la notion de protection de l’Europe de l’Est par l’Otan. Le stratège américain ironise en qualifiant les capacités non américaines de l’Otan de «plaisanterie» et de «feuilles de vigne» qui cachent le fait que l’Europe est une «colonie des Etats-Unis».
Enfin, The Saker met sérieusement en garde contre l’élection d’Hillary Clinton à la Maison-Blanche en novembre prochain. «Les choses vont devenir vraiment effrayantes», alerte-t-il, tout en étant certain que la future occupante potentielle du bureau ovale «n’a rien à cirer de l’Amérique» et que, partant, elle «pourrait bien penser que sacrifier une ville américaine – ou plusieurs – le vaut bien, si cela lui permet de larguer des bombes nucléaires sur Moscou».
Karim Bouali
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