La Mauritanie renforce sa présence dans une ville sahraouie occupée par le Maroc
La Mauritanie fait tout pour consolider sa présence dans la région de Lagouira, un territoire accaparé par le Maroc, sur la côte atlantique en face du port de Nouadhibou, dans l’extrême sud du Sahara Occidental. Le drapeau mauritanien qui y a été hissé il y a quelques années est bien visible, rapporte la presse marocaine et mauritanienne. Le nom de Lagouira est hautement symbolique pour le Makhzen, puisque le roi Hassan II l’avait cité comme repère de «l’unité territoriale» à travers le slogan «de Tanger à Lagouira». Mais, souligne-t-on, cela fait des années que des patrouilles militaires mauritaniennes font des rondes pour inspecter les plages dans cette zone qui se trouve dans le territoire du Sahara Occidental où la Mauritanie s’est maintenue. En fait, l’armée mauritanienne n’a jamais cessé d’exercer un contrôle réel sur la région. Alors que la présence marocaine dans cette région est totalement absente et que les forces navales du Maroc n’y arrivent quasiment jamais, faute de moyens.
Depuis que le Maroc a affiché sa prétention à construire un port à Dakhla pour une ouverture vers l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie a marqué encore plus sa présence à Lagouira, ce qui constitue, soulignent les médias de ces deux pays, un motif de vive tension entre le Maroc et la Mauritanie. Un journal mauritanien rappelle que la délégation envoyée par Rabat à Nouakchott en novembre dernier, composée du ministre des Affaires étrangères et du directeur du renseignement militaire, ainsi que de l’inspecteur général des forces armées, n’a rien obtenu du président Mohamed Ould Abdelaziz qui a refusé de retirer ses troupes de Lagouira. La Mauritanie tend à donner à cette position un caractère officiel avec l’intention de faire de cette région une plateforme complémentaire de Nouadhibou, d’où le renforcement de sa présence militaire sur place. La Mauritanie refuse d’être vue comme un maillon faible dans la démarche marocaine vers l’Afrique de l’Ouest, à travers le projet de port à Dakhla.
Signe de la mauvaise passe dans les relations entre la Mauritanie et le Maroc : depuis cinq ans, Nouakchott a refusé de nommer un ambassadeur à Rabat. Récemment, les milieux proches du président Mohamed Ould Abdelaziz ont accusé le Maroc d’avoir voulu faire échouer le 27e sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu à Nouakchott, notamment en y déléguant seulement le ministre des Affaires étrangères. Ce sommet a connu un succès sur le plan de l’organisation, ce qui a fait enrager le Makhzen marocain, déjà irrité par le logo officiel du sommet comportant une carte qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
Houari Achouri
Comment (101)