Quand les musulmans osent en France
Par Kamel Moulfi – Les Algériens suivent certainement avec intérêt les initiatives lancées en France pour maintenir les bonnes relations qui ont toujours existé, dans ce pays, entre les musulmans (dont une grande partie est originaire de notre pays) et les chrétiens. Pour la première fois, des musulmans ont osé aller à l’église dimanche et prier avec les chrétiens à la mémoire du prêtre Jacques Hamel, cinq jours après son assassinat dans son église de Rouen par deux terroristes liés à Daech. Il y a eu des gestes et des paroles qui prouvent la volonté des uns et des autres de vivre en paix ensemble.
Dalil Boubakeur, qui était à Notre-Dame de Paris, avec d’autres musulmans pour la messe dominicale (voir interview accordée à Algeriepatriotique), décrit l’accueil exceptionnel qui leur a été réservé par le recteur de l’église, «un accueil extrêmement réconfortant pour les rapports entre chrétiens et musulmans qui ont connu un moment de fraternité, d’amitié et de solidarité face à l’assassinat du prêtre». Est-ce seulement une riposte conjoncturelle à l’islamophobie ou une vraie alternative qui se met en place pour les musulmans en France ? Le gouvernement français annonce qu’il veut former «ses» imams, interdire le financement étranger des mosquées, fermer celles qui «appellent à la haine» et expulser les imams extrémistes, mais pour le moment, comme l’a laissé entendre Dalil Boubakeur, rien n’est encore clair dans les intentions du Premier ministre Manuel Valls, qui semble être le maître d’œuvre de cette démarche.
On sent, pourtant, que quelque chose est en train de changer dans la vie des musulmans en France, qui pourrait se traduire, pour eux, si tout se passe bien, par moins de repli sur soi face à la méfiance à leur égard qui a commencé à s’installer chez les chrétiens et qu’il ne faut pas laisser se développer. Dans cette voie, deux obstacles se dressent, s’alimentant mutuellement de leurs excès : l’idéologie de l’islamophobie et celle du wahhabisme. Les Algériens, qui en ressentent les retombées sur eux, souhaitent que ces idéologies soient combattues et extirpées de la société française.
K. M.
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