La route hors la loi
Par Kamel Moulfi – Si rien n’est fait pour arrêter l’hécatombe sur les routes en Algérie, il faudra s’attendre, fin 2016, à un bilan plus lourd que celui des années précédentes. Les statistiques tenues par le Centre national de prévention et de sécurité routières (CNPSR) sont effrayantes. Elles devraient suffire à tirer la sonnette d’alarme pour agir de toute urgence et endiguer ce véritable fléau. En 2015, les accidents de la route ont fait 4 610 morts et 55 994 blessés, soit, d’après les calculs du CNPSR, une moyenne quotidienne de 12 morts et 160 blessés. Pour le premier semestre 2016, selon la même source, la tendance n’a pas été inversée : 1 919 personnes sont décédées et 21 290 autres blessées à la suite d’accidents de la route. En une seule journée, le dimanche 24 juillet – allez savoir pourquoi – la route a tué 14 personnes et causé des blessures à 47 autres.
Les accidents surviennent à toute heure, mais le plus souvent sur des tronçons de la mort parfaitement identifiés aussi bien par les automobilistes qui les fréquentent que par les spécialistes qui analysent ce phénomène. Leur coût financier, un milliard de dollars environ par an, donne à réfléchir en ces temps de crise. En guise de riposte, toutes les formules sont essayées, la prochaine sera le permis à points, avec durcissement des sanctions dans le cadre d’une nouvelle loi. Sera-t-elle appliquée ? Là est le véritable problème. Tout le monde sait qu’au moindre prétexte, les conduites dangereuses en voiture sont tolérées en ville, au vu de tous. Est-ce céder à la tentation facile de l’exagération des faits que de mettre l’accent sur le phénomène de transgression de la loi qui tend à se banaliser ?
Les conséquences du mépris affiché face à la loi sont traduites dans ce que l’on a fini par appeler le «terrorisme routier», mais aussi dans le recours systématique à la violence physique pour régler les différends, même mineurs, que l’on retrouve dans les stades et jusque dans l’école. C’est l’ensemble de la société par son fonctionnement qui alimente l’ambiance propice aux mauvais comportements. C’est sur elle qu’il faut agir, et pas seulement par des campagnes de sensibilisation qui ont montré leur inefficacité.
K. M.
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