Affaire des cimetières juifs d’Algérie : un lobbyiste franco-israélien s’en mêle
Suite à la polémique provoquée par des articles alarmistes parus dans la presse pro-israélienne, au sujet d’une imminente «expropriation» des terres où sont enterrés les juifs en Algérie, voici qu’un des sionistes les plus zélés de France, le député Meyer Habib, se propose de «se saisir» du dossier. Il se réfère à une liste des cimetières qui seront «regroupés» dans les anciens départements d’Alger, d’Oran et d’Annaba, qui a été communiquée par le ministère français des Affaires étrangères en mai dernier. Alors qu’il s’agit d’une décision prise par les autorités françaises pour permettre aux familles françaises de rapatrier les restes mortels de leurs défunts si elles le souhaitaient. Donc, il n’est guère question d’expropriation.
Voulant politiser l’affaire et jouant à fond la carte de la victimisation, le lobbyiste franco-israélien Meyer Habib s’«indigne» du sort réservé aux juifs dans les pays du Maghreb, et notamment en Algérie, et préjuge que les dépouilles risquent d’être déplacées «sans supervision rabbinique, voire mises dans des ossuaires». Selon lui, il existe 57 898 sépultures juives dans 81 cimetières juifs, sur un total de 209 618 sépultures françaises dans 523 cimetières civils, en Algérie.
Dans son analyse de la situation, le député avouera que si le regroupement des sépultures juives pose encore problème, c’est pour une raison purement dogmatique liée aux exigences des rabbins. Ainsi, l’autorité religieuse chargée de ces questions n’autorise de déplacer une dépouille que s’il s’agit de la transférer en terre d’Israël ou s’il existe un risque sérieux de destruction ou de profanation du cimetière. Pour justifier cette alerte, le député franco-israélien déterre d’anciens rapports commandés par le Grand Rabbin de France, faisant état de l’état d’abandon dans lequel se trouveraient les cimetières juifs en Algérie, notant que 1 126 sépultures dans 25 cimetières, sur un total de 81 cimetières juifs, seraient menacées de «disparition, destruction ou profanation».
Toutes les opérations de regroupement déjà effectuées, pour le cas des sépultures chrétiennes, ou envisagées aujourd’hui sont prises en charge financièrement par l’Etat français. Ce qui est curieux, c’est que le regroupement des sépultures juives s’appliquera aux petits cimetières, souvent en zone rurale. Les grands cimetières d’Alger, Oran, Constantine, Annaba ne seront pas touchés, explique Meyer Habib. Ce dernier assure qu’il discutera bientôt des modalités de mise en œuvre de l’opération, programmée à partir de juin 2017, avec le secrétaire d’Etat en charge des Français de l’étranger, Matthias Fekl.
R. Mahmoudi
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