L’assassinat de la petite Nihal relance le débat sur la peine de mort
L’assassinat de la petite Nihal relance de plus belle le débat sur la peine de mort. Saisissant la colère et l’onde de choc qui a fait le tour d’Algérie, des voix appellent à l’application pure et simple de la peine de mort contre les auteurs de ce crime barbare. Outre le citoyen lambda qui exprime son opinion et déverse sa colère sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques sautent sur ce drame pour remettre sur la table cette vieille revendication de l’application, conformément à la charia, de la peine de mort contre les meurtriers en générale et les assassins des enfants en particulier. Ainsi, le président du parti TAJ, Amar Ghoul, a posté sur son mur Facebook un texte dans lequel il dénonce et condamne fermement l’assassinat de la petite Nihal et appelle les autorités à infliger la peine capitale aux auteurs de ce crime. «Il faut condamner ces criminels à la peine maximale, quitte à ce que ce soit la peine de mort», a réclamé cet ancien ministre islamiste.
Amar Ghoul se met ainsi du côté de ceux, nombreux en cette circonstance, à demander haut et fort l’application de la peine de mort sur les assassins des enfants. Terrifiés par l’ampleur du phénomène du kidnapping et des assassinats d’enfants, de très larges secteurs de la société se déclarent en faveur de l’application de la peine de mort contre ce qu’ils qualifient de «monstres». Une revendication qui a été largement reliée sur les réseaux sociaux dans ce qui s’apparente à une vaste campagne pour mettre fin au moratoire en vigueur depuis 1993 sur les peines de mort. Même Mustapha Farouk Ksentini, militant et défenseur des droits de l’Homme, qui est pour l’abolition de la peine de mort, estime qu’il est impératif de la maintenir en raison de cette nouvelle violence qui touche les enfants. Pour lui, la peine de mort doit être appliquée sur les enlèvements et les assassinats d’enfants. Des associations, notamment celles de la protection de l’enfance, réclament l’application de la peine de mort sur les auteurs d’enlèvements, d’agressions sexuelles et d’assassinats d’enfants. De l’autre côté, on trouve ceux qui continuent à penser que la peine de mort ne pourrait pas arrêter de tels drames.
Ceux-là sont les partisans de l’abolition de la peine de mort. Leur argument est que la peine de mort est appliquée dans plusieurs pays comme aux Etats-Unis où les assassinats se multiplient sans qu’elle contribue à faire baisser le nombre de crimes. Les ligues des droits de l’Homme en Algérie militent toutes pour l’abolition de la peine de mort. Pour elles, ce phénomène doit être combattu par divers moyens dont celui de la prise en charge adéquate des enfants et la protection des mineurs. Qu’ils soient pour ou contre la peine de mort, les Algériens restent sensibles à l’assassinat d’enfants et demandent tous des «peines exemplaires» contre les meurtriers. Mais le plus inquiétant est que la série noire continue.
De Chaïma à Nihal, des dizaines d’enfants ont disparu et n’ont plus jamais été revus par leurs familles. En huit ans, 1 000 enfants de 4 à 15 ans ont été enlevés. Le phénomène du kidnapping des enfants, suivi d’assassinat, a commencé à s’installer en 2000. Durant cette année, les services de la police et de la Gendarmerie nationale enregistraient une moyenne de 30 cas par mois. Cela, même si, souvent, les disparitions finissent par être requalifiées en fugues. Ces enlèvements suivis d’assassinats d’enfants renseignent, pour de nombreux observateurs, sur la déliquescence et la violence qui s’empare de pans entiers de la société.
Sonia Baker
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