Risques majeurs pour les enfants
Par Kamel Moulfi – L’été 2016 laissera aux Algériens le souvenir pénible du sort tragique de la petite Nihal, 4 ans, arrachée à l’affection des siens par un acte d’une bestialité inqualifiable, dont il n’est pas exagéré de penser qu’il a créé un véritable traumatisme dans les familles confrontées maintenant à la psychose de voir un des leurs tomber dans des mains criminelles. Les Algériens ont été unanimes à condamner cet acte et leur premier réflexe, dicté par le choc émotionnel, a été, naturellement, d’exiger que son auteur subisse le châtiment suprême, c’est-à-dire la mort. Le débat a été très vite et légitimement centré sur l’application de la peine de mort dans les cas de kidnappings et d’assassinats d’enfants, autrement dit sur ce qu’il faut faire une fois que le crime est commis pour dissuader d’autres criminels de l’imiter.
On sous-estime ainsi la nécessité d’agir avant pour protéger «physiquement» les enfants et soustraire cette catégorie fragile de la population aux kidnappeurs et autres délinquants sexuels, qui se transforment souvent en assassins. C’est à niveau, «en amont», dans la prévention, que se trouvent les carences les plus flagrantes des pouvoirs publics. En fait, ce drame, un de plus dont la victime est un enfant, soulève les mêmes questions, restées en suspens, déjà posées après des événements similaires. Les circonstances qui ont conduit à l’enlèvement de la petite Nihal doivent être analysées et considérées comme une situation de risque majeur pour la sécurité d’un enfant. L’alerte doit être donnée avant, dès qu’une telle situation est constatée et ne pas attendre que l’enlèvement se produise. Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour que les enfants disposent, partout, de lieux de loisirs protégés, loin de la rue et des mauvaises habitudes qu’elle leur donne.
Il faut arrêter avec l’improvisation facile de jeux dans la rue, organisés pour les enfants, par des personnes incompétentes et non qualifiées. En dehors des heures de classe, les enfants, non accompagnés de leurs parents, ne devraient pas se trouver dans la rue, mais dans leurs familles ou dans des endroits, destinés aux loisirs ou aux études, des espaces protégés qui leur sont totalement dédiés et fermés aux intrus. La protection des enfants est un défi national. Elle doit être confiée, aux divers échelons, du national au local, à des personnes et institutions habilitées à s’en occuper et responsabilisées.
K. M.
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