Malgré les attentats en France : les médias français continuent de qualifier les terroristes de «combattants» et de «rebelles»
Les médias français portent une très lourde responsabilité dans la vague de terrorisme islamiste qui a frappé la France et qui a fait plusieurs dizaines de victimes innocentes depuis novembre 2015. Déstabilisée par la contre-offensive fructueuse de l’armée régulière syrienne qui chemine inéluctablement vers l’éradication totale des groupes terroristes, la France officielle actionne ses relais médiatiques pour tenter de desserrer l’étau autour de ses alliés en Syrie, dans sa guerre contre le peuple syrien.
C’est ainsi que l’ensemble des chaînes d’information en continu font état, depuis hier, avec images – filmées par les groupes armés eux-mêmes – à l’appui, de la «reprise» d’Alep par les terroristes qualifiés par ces mêmes médias de «combattants» et de «rébellion djihadiste».
Non seulement une telle manipulation des faits est immorale, mais, plus grave encore, elle encourage les terroristes repliés en France à commettre de nouveaux attentats, d’autant que les responsables politiques français semblent complètement dépassés par les événements et privilégier leur propre avenir politique au détriment de la sécurité des Français et de tout le Bassin méditerranéen.
Qualifier les terroristes d’Al-Nosra et de Daech de «combattants» équivaudrait à accorder la même qualité aux assassins qui tuent en France, ces derniers se prévalant ouvertement de cette mouvance extrémiste violente. L’opinion publique française, dont on voudrait qu’elle soit consciente des graves enjeux qui menacent jusqu’au devenir du monde civilisé, se laisse pourtant berner sans réagir par ces médias qui ont fait de l’intox, depuis ce qu’ils ont appelé le «printemps arabe», leur leitmotiv. Le peu d’observateurs qui dénoncent ces pratiques contraires à l’éthique et obéissant à des intérêts politiciens et matériels étroits sont systématiquement montrés du doigt et carrément réduits au silence.
La menace terroriste ne saurait être endiguée par la seule vigilance policière et l’efficacité du renseignement. La décennie de terrorisme sauvage nous a appris que la lutte antiterroriste est un tout indissociable et que l’unique arme contre les terroristes islamistes est l’engagement collectif de toute la société à travers tous ses démembrements. En Algérie, malgré quelques erreurs involontaires, les médias ont fait corps avec les services de sécurité et combattu l’hydre terroriste par la plume. La corporation, qui avait cessé de se limiter à la seule mission d’informer, avait pris sur elle d’affronter l’idéologie fanatique rétrograde du FIS et de ses bras armés. Plus de cent journalistes algériens sont tombés en martyrs pour la démocratie.
L’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo – bien que leur conception du journalisme ne fasse pas l’unanimité et que leurs articles et caricatures provocateurs soient blâmables – n’a pas incité les médias français à se libérer de leur dépendance de plus en plus manifeste envers le pouvoir politique et la puissance financière. Leur engagement en faveur de la lutte antiterroriste n’est pas aussi certain qu’il y paraît.
A quoi donc jouent les faiseurs d’opinion en France ?
Karim Bouali
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