Selon des experts : risque de faillite économique en Tunisie
Dans la crise que traverse la Tunisie, la dimension économique est sans doute la plus inquiétante. Des médias arabes qui citent des responsables tunisiens estiment que ce pays s’achemine vers la faillite. Plusieurs sources auxquelles se réfèrent ces médias font constater que tous les indicateurs sont au rouge et que la Tunisie est confrontée à une crise économique sans précédent. Indice probant : l’éventualité que les salaires des fonctionnaires ne puissent pas être versés est sérieusement envisagée avec le glissement vers la faillite du Trésor public. Des sources gouvernementales, également citées, excluent ces hypothèses, mais admettent l’existence de difficultés économiques réelles. Les finances de la Tunisie sont au plus bas. Un expert tunisien en risque financier a confirmé que le Trésor connaît un déficit historique sans précédent depuis la création de l’Etat tunisien. Il en donne pour preuve les disponibilités financières de l’Etat, 712 millions de dinars, un montant qui est de l’ordre du capital d’une entreprise, fait-il remarquer, et ne suffit pas à payer les salaires et traitements.
Autre fait significatif, d’après lui : le niveau énorme de la dette de l’Etat qui enregistre également un déficit record. Cette appréciation est pratiquement corroborée par le gouverneur de la Banque centrale, Chadli Ayari, lui aussi cité par les médias arabes, qui, dans une déclaration à la TAP (agence de presse tunisienne officielle), a prévu des difficultés pour établir le budget 2017 compte tenu des ressources financières insuffisantes, notamment celles tirées de la fiscalité, qui ne couvrent pas les dépenses courantes comme les salaires dans le secteur public (plus de 670 000 fonctionnaires, un milliard de dinars par mois), le soutien des entreprises et le financement des fonds sociaux. Pour le gouverneur de la Banque centrale, les solutions passent par l’augmentation du taux de l’épargne, qui ne dépasse pas actuellement 13% du produit intérieur brut et la relance de l’investissement. Il estime le financement étranger indispensable pour redresser la situation économique qui se détériore en raison de la diminution les recettes dans deux secteurs clés, à savoir le tourisme et l’exploitation minière, avec des pertes estimées à 4,5 millions de dinars. Mais les chiffres officiels font état d’une diminution des investissements étrangers en Tunisie de 23,4% durant la première moitié de l’année 2016 par rapport à la même période de l’année dernière.
Fin juillet, le Parlement tunisien a approuvé la rectification du projet de loi relatif au nouveau code d’investissement visant à attirer les bailleurs de fonds étrangers et les partenaires économiques. Mais pour que la nouvelle loi sur les investissements produise ses effets, il faudra attendre que Youssef Chahed, qui a été désigné par le président tunisien Béji Caïd Essebsi comme chef de gouvernement, présente la liste de son équipe. Il a un mois pour le faire et, en cas d’échec des consultations, il pourrait avoir un mois supplémentaire pour parvenir à un compromis sur la composition de son cabinet. La bourgeoisie tunisienne devrait être mise à contribution pour aider l’économie de son pays à sortir de la zone rouge. Le spectacle des Tunisiens qui roulent en voitures rutilantes, des grosses cylindrées qu’on voit rarement en Algérie (Porsche, BMW, Mercedes, de véritables bolides), et qui passent leurs vacances dans des hôtels 4 et 5 étoiles où ils prennent parfois des suites, contraste avec le tableau catastrophique de l’état économique du pays et ses perspectives plutôt pessimistes. A l’autre pôle de la société tunisienne, il y a la pauvreté qui ne touche pas que les chômeurs, un grand nombre d’employés dans les hôtels qui sont pleins à craquer ne sont pas payés depuis des mois !
Houari Achouri
Comment (13)