Les dirigeants français adoptent la fermeté algérienne dans la lutte contre le terrorisme
Pendant la première moitié des années 1990, lorsque Réda Malek, alors chef du gouvernement, déclarait, en parlant du terrorisme, que la peur devait «changer de camp», cette expression avait été interprétée par les officines occidentales et les défenseurs zélés des droits de l’Homme comme une menace sur la liberté. Un peu plus de vingt ans plus tard, l’ancien président français Nicolas Sarkozy emprunte la même formule pour appeler à une lutte sans merci contre la violence extrémiste islamiste, dans un entretien paru ce jeudi dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles. «La France doit faire changer la peur de côté», a, en effet, déclaré le chef de file de la droite française, dont le pays dénonçait les «éradicateurs» en Algérie, un qualificatif qui englobait justement Réda Malek. En tenant de tels propos extrêmes face à la menace terroriste, l’ancien président français fait référence aux attentats qui secouent la France depuis janvier 2015 et qui ont fait plusieurs dizaines de morts et de blessés jusqu’à présent.
La sortie de Nicolas Sarkozy intervient au lendemain du message que vient d’adresser le président François Hollande à son homologue algérien, dans lequel il l’exhorte à renforcer davantage la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Un message dont la duplicité a été relevée par nombre d’observateurs et qui est partagée par les deux camps politiques en France. En effet, en raffermissant sa position vis-à-vis du terrorisme islamiste, Nicolas Sarkozy tente de faire oublier les causes intrinsèques de la propagation de ce phénomène transnational en France et dans d’autres pays européens, notamment en Belgique, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Une de ces causes principales étant la politique interventionniste de Paris inaugurée par un Nicolas Sarkozy qui a fait preuve d’un alignement aveugle sur la politique étrangère belliciste de Washington depuis sa succession à Jacques Chirac à l’Elysée en 2007. Son successeur socialiste lui a emboîté le pas, s’attelant à l’application tout aussi fanatique sur le terrain de cette doctrine militariste avec toutes les conséquences désastreuses qu’elle a engendrées dans le Bassin méditerranéen.
La France officielle s’est – pour ainsi dire – radicalisée envers le phénomène du terrorisme à l’exacerbation duquel elle a pourtant concouru, dans le cadre de ce que le Dr Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a qualifié de gentlemen agreement, qui consistait sinon à soutenir, du moins à laisser faire, les groupes islamistes armés en Algérie tant que ceux-ci œuvraient à détruire cette ancienne colonie et à faciliter, ainsi, l’instauration d’un néocolonialisme sans effort militaire. Or, non seulement cette politique stupide et obtuse a lamentablement échoué en Algérie, mais elle a aidé l’hydre terroriste à s’implanter sur son propre sol et à y mener des attentats meurtriers.
«La République ne reculera plus sur rien», a martelé le probable futur chef d’Etat français qui ne semble pas prêt à suivre l’exemple de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, ce dernier ayant présenté ses excuses pour ses erreurs fatales dans le dossier irakien. Nicolas Sarkozy, lui, s’entête à affirmer que ce qui a mal tourné en Libye, ce n’est pas l’intervention militaire franco-britannique, mais la gestion de l’après-Kadhafi. Cet acharnement à nier la vérité n’aidera pas les Français à vaincre le terrorisme qui continuera de sévir en France et dont les actions risquent, malheureusement, d’être de plus en plus effroyables.
Karim Bouali
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