Economie algérienne : analyse mi-figue mi-raisin du FMI
Dans une récente tribune sur la situation économique en Algérie, le chef de mission pour l’Algérie au FMI relève que «l’économie algérienne aborde un tournant décisif». Selon Jean-François Dauphin, qui a effectué un voyage en Algérie en juillet dernier, «le repli des cours du pétrole fait craindre pour les perspectives économiques de cette nation tributaire de l’or noir». «Pour mieux saisir les effets de ce choc, souligne-t-il, il faut se rappeler que le secteur des hydrocarbures a représenté plus de 95% des exportations, deux tiers des recettes budgétaires, et un tiers du PIB». Et de relativiser : «Heureusement, le pays avait des volants de sécurité en place, sous forme d’épargne budgétaire, de réserves internationales, et d’un faible niveau d’endettement, ce qui lui a permis dans un premier temps d’absorber le choc». Tout en louant les réformes mises en place par le gouvernement, «en instaurant notamment une diminution progressive des subventions énergétiques coûteuses et inéquitables, en améliorant le climat des affaires, et en adoptant un nouveau code des investissements», Jean-François Dauphin estime, néanmoins, que «le pays peut encore réduire sa dépendance à l’égard des recettes pétrolières et diversifier son économie».
Le chef de mission du FMI pour l’Algérie est revenu sur son récent voyage dans notre pays où il a rencontré «un grand nombre d’interlocuteurs», notamment des ministères des Finances, du Commerce, de l’Industrie, de l’Energie, de la Banque d’Algérie, ainsi que des représentants «du plus grand syndicat du pays» (l’UGTA, ndlr) et de la principale association d’entreprises (le FCE, ndlr). Le but de ces rencontres, précise Jean-François Dauphin était d’«analyser ensemble les moyens par lesquels l’Algérie peut refaçonner son économie, pour créer davantage d’emplois et favoriser une croissance inclusive».
«Le conseil le plus important que nous avons prodigué aux autorités lors de notre récent voyage est que, même si l’adaptation à ce choc est difficile, non seulement elle est nécessaire, mais elle constitue aussi une occasion de promouvoir un modèle de croissance plus pérenne», révèle Jean-François Dauphin. «Cet aménagement, a-t-il dit, doit reposer sur deux piliers : le premier est un rééquilibrage budgétaire visant à rétablir la santé de l’économie en résorbant les déficits public et extérieur, et le second consiste en de vastes réformes structurelles, des mesures qui contribuent à libérer le potentiel du secteur privé, à diversifier l’économie, et à favoriser durablement une plus forte croissance et davantage d’emplois».
Jean-François Dauphin préconise l’amélioration du climat des affaires en allégeant les lourdeurs bureaucratiques et le renforcement de la gouvernance économique, de la transparence et de la concurrence. Il insiste également sur la nécessité d’améliorer l’accès au financement, de développer les marchés de capitaux et d’ouvrir l’économie aux échanges commerciaux et aux investissements étrangers. Pour cet expert financier, il y a lieu aussi d’améliorer le fonctionnement du marché du travail tout en assurant la protection appropriée des travailleurs, et garantir la bonne adéquation entre les qualifications assurées par les systèmes d’enseignement général et professionnel, et les compétences recherchées par les entreprises.
Jean-François Dauphin soutient, enfin, que l’Algérie a devant elle «une occasion exceptionnelle de se concentrer sur la mise en œuvre de ces réformes essentielles et de refaçonner ainsi son économie sur un modèle plus pérenne, plutôt que de rester tributaire de réserves pétrolières qui risquent d’être épuisées d’ici vingt ans».
Lina S.
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