Le rapport du département d’Etat sur les libertés religieuses irrite Alger
Les hautes autorités algériennes comptent répondre au contenu du rapport du département d’Etat américain sur les libertés religieuses. Selon des sources bien informées, le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec le ministère des Affaires religieuses, a déjà préparé la réponse, qui est validée par la présidence de la République et qui devrait être rendue publique dans les tout prochains jours. Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a donné un avant-goût de cette réponse qui sera signée par le département de Ramtane Lamamra, en affirmant hier, en marge d’une rencontre, que l’Algérie n’a de leçons à recevoir de personne en matière des libertés religieuses.
Après avoir relevé que le rapport comportait beaucoup de «points positifs», Mohamed Aïssa a indiqué que les points négatifs mentionnés dans le document sont dus au fait que la culture algérienne «n’est pas appréhendée à sa juste valeur par les Américains». Il a souligné dans ce sillage que l’Algérie est une terre d’islam, de modération et de dialogue intercivilisationnel. Si les autorités du pays trouvent ce rapport comme le moins négatif de tous les rapports produits par le département d’Etat sur l’Algérie, elles estiment qu’il mérite une réponse de leur part pour tirer au clair certains points et corriger des données.
L’Algérie a déjà eu à répondre à un rapport du département d’Etat. Il s’agit du dernier rapport sur les droits de l’Homme et la corruption. Le département de Ramtane Lamamra a affirmé que l’Algérie «est à même de juger» la situation des libertés et des droits de l’Homme. «J’insiste sur le fait que nous accordons énormément d’importance à ce que les partenaires internationaux ne s’ingèrent pas dans nos affaires intérieures avant tout. Par le respect des institutions mais aussi parce que ces mêmes partenaires sont appelés à accepter de baser le partenariat avec nous sur le respect mutuel et sur l’équilibre des intérêts. Tous ceux qui sont partenaires internationaux doivent considérer, lorsqu’il s’agit de rapports avec l’Algérie, être tenus par un minimum de respect pour ce que nous appelons nos lignes rouges», avait-il martelé.
L’Algérie s’apprête ainsi à faire une nouvelle mise au point à son «partenaire» américain. Le rapport du département d’Etat sur les libertés religieuses n’était pas foncièrement critique à l’encontre de l’Algérie. Il avait même noté des progrès sur le plan législatif. Mais il relevait des «excès» des services de l’ordre, notamment contre les non-jeûneurs ainsi que des lourdeurs bureaucratiques pour la création et l’agrément des associations à caractère religieux.
Sonia Baker
Comment (24)