Louanges dangereuses
Par Rabah Toubal – «La coopération en matière de sécurité, pierre angulaire de la relation entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Algérie» (John Kerry, Secrétaire d’Etat américain) ; «L’Algérie et la Grande-Bretagne partagent des analyses similaires sur les questions sécuritaires» (Philip Hammond, ex-secrétaire au Foreign Office britannique). Il y a quelques jours, le Président français, François Hollande, exhortait son homologue algérien à «renforcer la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme». Que cette sollicitude empoisonnée ? Pourtant, l’Algérie n’a pas été le premier pays à réserver au fléau du terrorisme un traitement exclusivement sécuritaire ou militaire.
De nombreux autres pays, qui étaient confrontés avant elle à ce fléau, ont adopté cette attitude radicale et, curieusement, ils n’ont pas été approchés par ces puissances, qui ont aussi leurs propres expériences en la matière, mais accourent aujourd’hui à Alger, dont le pouvoir est lourdement critiqué par l’opposition et la société civile pour sa gestion de plus en plus opaque du pays, pour «bénéficier de l’expérience algérienne de lutte contre le terrorisme».
En quoi cette méthode qui consisterait à jeter le bébé avec l’eau du bain, en éliminer les terroristes et leurs otages, leur serait-elle réellement utile ? Quel prétexte cherchent-ils et dans quel but ? Il y a anguille sous roche, tout comme pour la tristement célèbre boutade de François Hollande au sujet de «l’alacrité» d’Abdelaziz Bouteflika ou la surprenante «sécurité totale» des pays du Maghreb – Algérie, Tunisie et Maroc –, dont Mme Angela Merkel s’était prévalue pour forcer les pouvoirs de ces Etats, dont elle avait gonflé l’ego, à accepter les islamistes radicaux auxquels son pays avait accordé l’asile politique depuis la fin des années 1970.
En tout état de cause, au lieu de susciter la satisfaction des pouvoirs publics algériens, cette course malsaine aux déclarations dithyrambiques et les louanges dangereuses qui fusent ici et là, devraient plutôt nous inquiéter, car elles posent dans toutes ses dimensions la question de leur responsabilité sur des questions éminemment sensibles.
A moins que ces pouvoirs ne soient devenus les avatars des dirigeants autoproclamés par la force et la fraude massive, d’un pays qu’ils considèrent comme leur propriété privée et dont le peuple serait serviable et corvéable à merci et totalement soumis à leur volonté prédatrice…
R. T.
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