Le professeur Boudemagh avertit : «Les pèlerins algériens utilisent un bracelet israélien qui ne fonctionne pas bien»
La polémique s’installe autour du fameux bracelet électronique, fourni par Condor, que porteront cette année nos pèlerins. Dans un courriel adressé à Algeriepatriotique, le professeur algérien Abdeldjalil Boudemagh assure que ce bracelet n’est pas plus performant que celui qu’il a lui-même inventé et commercialisé en France et dans plusieurs autres pays. Assurant qu’il n’y a pas d’objectif lucratif derrière sa démarche, le professeur Boudemagh dit vouloir alerter les responsables du ministère des Affaires religieuses sur le risque que ce bracelet ne fonctionne pas. «Bissalama (le nom donné à son bracelet) est de loin supérieur à celui de Condor qui est une imitation du bracelet israélien connu sur le marché européen depuis trois ans et qui n’est pas utilisé, parce qu’il présente des bugs au niveau de la lecture du QR code, une fonctionnalité qui permet de lire le dossier médical du pèlerin», assure le professeur qui alimente ainsi la polémique qui a éclaté sur l’utilisation de ce bracelet.
Le professeur Boudemagh affirme que le bracelet «Bissalama», conçu en Suisse avec SwissMedCall, est connecté avec GPS et téléphone. «Nous avons actuellement vendu plus de 600 bracelets Bissalama à travers plusieurs pays et ce qui va arriver sera des plus ridicules : les pèlerins algériens utilisent un bracelet israélien qui ne fonctionne pas bien, tandis que les pèlerins d’autres pays utilisent un bracelet algérien qui fonctionne bien», relève-t-il, assurant que le bracelet «Bissalama», qui est déjà commercialisé en Suisse et en Turquie, le sera bientôt en Tunisie, aux îles Maurice et au sultanat d’Oman. Le professeur Boudemagh précise que ce bracelet est déjà utilisé à La Mecque. Pour lui, il n’y a aucune raison donc pour que l’Algérie utilise une technologie étrangère alors qu’elle a à portée de main une technologie sûre et proprement algérienne. Dans un récent communiqué de presse sur la commercialisation de ce bracelet «made in Algeria», le professeur Boudemagh, qui est aussi neurochirurgien, avait fourni plus de détails sur ce produit qui est «le fruit d’une collaboration entre deux partenaires engagés dans le domaine de la santé numérique : SwissMedCall et Swissmedbank».
Parmi les caractéristiques vantées de ce produit, le fait qu’il permette au patient d’être en lien direct avec le médecin de SwissMedCall, la centrale d’Alarme. «Ainsi, le patient est rapidement secouru par le médecin urgentiste qui est déjà en possession du dossier médical et grâce à la localisation du patient par la fonction GPS intégrée dans le bracelet connecté», explique le professeur qui parle d’un «gain de temps inestimable dans l’approche de la gestion de l’urgence par la connaissance immédiate des informations médicales du patient à secourir». Cela permet, selon lui, de sauver des vies et d’améliorer la prise en charge du patient. Pour lui, ce bracelet n’a rien à envier à celui conçu par la start-up israélienne MyMDband fondée par l’Américain Elly Gorodetzer qui a émigré en Israël.
Ce bracelet comporte une «technologie peu sûre»
Le professeur se demande pourquoi l’Office national du hadj et de la omra a attendu jusqu’au 13 août 2016, soit cinq jours avant les premiers départs de hadjis vers les Lieux saints, pour annoncer l’utilisation du bracelet électronique de Condor. Il assure que ce bracelet comporte la technologie NFC qui n’est pas dénuée de difficultés de lecture. «La technologie NFC est utile pour le contrôleur dans un train pour valider un billet en QR code que vous avez acheté sur internet, mais dans le domaine de la santé se pose un problème médico-légal si la lecture du dossier médical se trouve entravée par des difficultés ou bugs. Qui est responsable ? L’ONHO, l’entreprise Condor, le médecin ou le destin ?» se demande le professeur qui estime que sur le plan de l’éthique, «on ne teste pas ce processus sur des patients présentant des pathologies chroniques, mais plutôt sur des patients en bonne santé, ce que l’entreprise SwissMedCall a fait pour tester avec succès à La Mecque, à Médine et à Djeddah avec le bracelet Bissalama».
«A-t-on testé le bracelet Condor ? Si oui, merci de nous procurer les documents qui attestent de ce point. On est dans le domaine médical et non pas dans la jungle des bracelets Welfare», a-t-il souligné. Le professeur Boudemagh a affirmé que lorsqu’il avait mis en place ce concept (programme Bissalama) : l’idée était d’avoir un «dispositif qui permette à ce que l’information médicale (sécurisée et rapidement accessible) se situe en amont dans la gestion de l’urgence et d’éviter d’avoir un gadget inutile avec une fiabilité incertaine». Les autorités algériennes vont-elles prendre des mesures ou ouvrir une enquête après cette polémique provoquée par la sortie du professeur Boudemagh ?
Sonia Baker
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