Les alertes de l’été
Par Kamel Moulfi – La prévention reste le point faible des institutions en Algérie. L’intoxication alimentaire massive au lait caillé avarié à Blida, qui a envoyé à l’hôpital, en urgence, près de 700 personnes, dont beaucoup d’enfants, en est une nouvelle preuve. C’est plus de la moitié des cas enregistrés sur tout le territoire national durant les cinq premiers mois de cette année (1 166 cas et deux décès, de janvier à mai). Depuis quelques années, la moyenne des toxi-infections alimentaires tourne autour de 5 000 cas avec, heureusement, une très faible proportion de décès. Il n’est pas besoin d’une enquête approfondie pour déterminer où se trouve la cause. Un petit tour dans les marchés suffit. Les responsables de cette situation agissent en plein jour et à visage découvert.
Ce sont les commerçants qui mettent leurs marchandises dehors, avec une prédilection justement pour le lait caillé vendu dans des sachets, et les baguettes de pain dans des corbeilles posées à même le sol, le tout sous un soleil tapant et exposé au vent qui soulève toutes les poussières et les dépose sur les denrées alimentaires proposées à des clients, totalement inconscients, amassés autour du vendeur et pressés d’être servis, surtout le vendredi. Dans ce domaine, le cadre juridique existe pour sévir. Les campagnes d’information et de communication, pour sensibiliser, lancées par les deux ministères principalement concernés, Santé et Commerce, sont concentrées sur les deux grands moments à risque : la saison estivale et le mois de Ramadhan.
Les services spécialisés chargés de la sécurité du consommateur savent qu’il faut faire respecter strictement à peine deux ou trois choses : les conditions de conservation (notamment la chaîne de froid), l’interdiction de l’exposition et la vente des denrées alimentaires sur la voie publique et les conditions d’hygiène. Pourquoi n’arrive-t-on pas à inverser la tendance et à faire baisser le nombre de cas d’intoxication alimentaire ? La question concerne d’autres phénomènes récurrents en été, qui montrent aussi que la prévention fait défaut. En 48 heures, 12 personnes sont mortes par noyade, cinq en mer et sept dans des barrages et des mares d’eau. Vendredi, c’est un enfant de trois ans qui s’est noyé dans un bassin servant à l’irrigation de terres agricoles, à Mohammedia (Mascara). Sans oublier les accidents de la route, qui n’ont pas de saison. Les bilans de la Protection civile devraient servir d’alerte aux autorités concernées.
K. M.
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