Mokri réagit à l’article d’Algeriepatriotique : «Je suis toujours fidèle à Erdogan»
Réagissant à notre article relevant son retournement spectaculaire contre son idole, le président turc Recep Teyyip Erdogan, suite à la dernière tentative de coup d’Etat à Ankara, le chef du MSP, Abderrezak Mokri, a voulu rassurer ses ouailles, en affirmant qu’il demeurait «fidèle» à son gourou. Il souligne que ses critiques, aussi vives soient-elles, n’enlevaient en rien à l’adoration qu’il vouait à cet autocrate turc, ni à l’allégeance qui le liait, lui et son parti, à l’AKP, principal représentant des Frères musulmans depuis la chute de cette confrérie en Egypte.
Sur sa page Facebook, Mokri écrit : «Notre admiration pour l’expérience d’Erdogan est sans limites et notre dévouement pour lui restera inflexible ; chose dont sommes fiers. Les reproches que nous avons formulés à son encontre au sujet de sa réaction disproportionnée contre les partisans du mouvement Hizmet, suite au sinistre coup d’Etat raté (…) ne sont que l’expression de notre souci et de notre crainte pour cette expérience.» S’en prenant à ses détracteurs, il affirme : «N’en déplaise à ceux qui abhorrent Erdogan et son parti, pour les mêmes motifs que ceux ayant poussé les putschistes à tenter de le renverser, et qui ont jubilé aux critiques fraternelles et conseils sincères que j’avais adressés à cet homme historique et exceptionnel, leur but n’est pas atteint !»
Il explique que ce qui l’a motivé à exprimer son point de vue (avant de tourner casaque une seconde fois), c’est son désir de «sensibiliser» les gens et de les «initier» à la manière d’appliquer le verset coranique qui dit : «(…) Et quand vous témoignez, soyez impartiaux, fut-ce à l’égard d’un proche parent ! Soyez également fidèles à vos pactes envers Dieu ! Voilà ce que le Seigneur vous recommande de faire. Peut-être serez-vous amenés à y réfléchir ?» (sourate Al-Anâ’m).
S’adressant à ses partisans, en ces moments d’ébullition préélectorale et de tiraillements à l’intérieur de son parti, le chef du MSP poursuit son mea-culpa : «Nous continuerons à considérer l’expérience du Parti de justice et de développement turc et de son leader, Recep Teyyip Erdogan, comme une expérience de vérité, de justice, de succès et d’excellence. Elle a fait honneur à l’islam et aux musulmans, et démontré aux faibles d’esprit, subjugués par le colonialisme et le néocolonialisme que les musulmans ont leur place dans la compétition civilisationnelle.» Une expérience qui est aussi, pour le leader islamiste algérien, «un modèle à suivre pour développer nos pays de la même façon qu’a été bâtie la Turquie, pour peu que nous disposions des mêmes conditions, et nous continuerons à nous battre pour les avoir». Mokri feint d’ignorer que la Turquie est pratiquement le seul pays musulman à adhérer à l’Otan (bras armé du colonialisme et du néocolonialisme) et à normaliser ses relations avec l’entité sioniste.
Dans un précédent écrit, Abderrezak Mokri s’était violemment attaqué aux dernières décisions prises par le président turc suite au putsch raté du 25 juillet dernier. «J’aimerais exprimer, à travers cet article, un point de vue que je crois être juste et je tiens à ce que cette opinion soit connue du grand public par souci d’assumer ma responsabilité, dût-elle provoquer la colère de certains de nos amis.» Etayant ses propos, il ajoute : «Je pense que la campagne que mène Erdogan [contre le groupe de Fathullah Gülen] est injuste et qu’elle aura de graves conséquences pour les musulmans.»
«Erdogan a le droit de briser les reins au groupe de putschistes de sorte à anéantir ses effets négatifs sur lui, sur son projet et sur la Turquie en général», estimait Mokri. «Mais, pensait-il, de là à punir des personnes pour la simple raison qu’ils appartiennent au mouvement Hizmet, fermer les écoles, les entreprises et mettre fin à l’activité d’hommes d’affaires et mettre en péril l’avenir professionnel d’un grand nombre de travailleurs, cela est inacceptable.» Qui des deux Mokri se moquait de l’autre ?
R. Mahmoudi
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