Le précédent britannique
Par Rabah Toubal – Ce n’est certainement pas pour rien que la France, l’Allemagne et l’Italie, trois des pays fondateurs de l’Union européenne, ne cessent de demander à la Grande-Bretagne, dont le peuple a décidé, en juin dernier, par voie référendaire, la sortie du pays de l’Union européenne, avec plus de 52% de voix approuvant cette sortie, de quitter le plus vite possible l’Union.
Ces trois pays, et notamment l’Allemagne et la France, qui constituent les locomotives du processus d’unification de l’Europe, savent que plusieurs pays membres de l’Union européenne ne sont pas satisfaits du fonctionnement de l’Union, dont les lourdeurs et les rigueurs bureaucratiques, imposées par les technocrates de Bruxelles, que certains appellent «Polit Bureau», rappellent le système de gestion soviétique.
Ils craignent et pour cause que d’autres pays ne suivent l’exemple anglais. Il est vrai que l’appartenance à l’Union européenne a permis à des pays comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce notamment, qui accusaient de gros retards dans de nombreux secteurs et affichaient des taux de pauvreté alarmants, de les réduire considérablement grâce à l’aide financière et technique des autres partenaires de l’Union, aux investissements émanant de ces pays et aux fonds structurels qui leur ont permis de moderniser leurs différentes infrastructures.
Le calvaire subi par le peuple grec et la crise qui avait pratiquement annihilé les efforts déployés par les pays considérés comme maillons faibles de l’Union européenne ont semé le doute chez les uns et les autres quant à la durabilité des retombées positives de leur appartenance à cette union, qui a des avantages mais aussi des inconvénients, parfois insupportables.
D’autant plus que de nombreux experts et hommes politiques de pays membres n’hésitent plus à affirmer que l’Union européenne serait une création des Etats-Unis d’Amérique, destinée à niveler par le bas une Europe, certes une alliée fidèle sur les plans politique et diplomatique, mais un rival ambitieux et sérieux sur les plans économique, commercial et industriel. Avantagée par sa légendaire vision pragmatique des choses et par son implication relative au sein de l’Union européenne, la Grande-Bretagne a aisément franchi le Rubicon en juin dernier.
La Grèce humiliée par ses riches partenaires et créanciers sera-t-elle le prochain sortant, mais pour de toutes autres raisons ?
R. T.
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