Ces sportifs qui hissent les drapeaux français et belge à Rio et anéantissent le cliché du «Maghrébin terroriste»
Les noms de Belges et de Français à consonance maghrébine sont remis à l’honneur grâce à leur présence parmi les participants aux 31es Jeux olympiques qui se déroulent du 5 au 21 août 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil. Cette présence a été mise en évidence, comme un fait du hasard, dès la première journée des Jeux, dans l’épreuve du saut, en qualification du tournoi masculin, la nuit du samedi au dimanche 7 août, par la blessure de Samir Aït-Saïd, gymnaste français. L’image de son évacuation sur une civière, avec une attelle à la jambe gauche, sous les applaudissements du public, a ému tous ceux qui ont suivi cette épreuve. Les membres de la délégation française avaient les larmes aux yeux. Ce que les Algériens ont certainement retenu, c’est le prénom et le nom de cet athlète malchanceux sur lequel la France avait placé l’espoir d’une médaille : Samir Aït-Saïd. C’est incontestable, un patronyme de chez nous, et plus largement maghrébin. Comme Mahiedine Mekhissi, spécialiste du 3 000 mètres steeple, ou Sarah Ourahmoune, dans la boxe féminine, ou, mieux, la footballeuse Louisa Necib, qui fait les beaux jours de l’équipe de France, citée par les médias dans «la liste des dix sportifs français à suivre lors des JO». Des Français d’origine tunisienne, il y en a également : Saoussen Boudiaf, escrime, Yasmina Aziez, taekwondo, Mehdi Marzouki, surnommé le Zidane du water-polo français. Dans la délégation de la Belgique, ils sont quatre sportifs belges d’origine marocaine, trois taekwondoïstes (Jaouad Achab, Si Mohamed Ketbi et Mourad Laachraoui) et un marathonien (Abdelhadi El-Hachimi).
Ces «Franco-Maghrébins» et ces «Belgo-Maghrébins» font la fierté de la France et de la Belgique, mais ils sont occultés par la concentration des médias sur les terroristes de même origine. Autrement dit, en France ou en Belgique, en Seine-Saint-Denis et à Molenbeek, non seulement il n’y a pas que des terroristes – tant s’en faut –, mais, mieux, il y a des jeunes qui réussissent et qui hissent le drapeau français ou belge dans le concert des nations ! Le boxeur qui a décroché une médaille d’argent pour la France, Sofiane Oumiha, est d’origine marocaine et il vient du quartier défavorisé de la Reynerie, à Toulouse. On constate que les Français savent se servir de leurs sportifs issus de la communauté maghrébine, pour «hisser le drapeau tricolore» à l’étranger et, dans le même temps, ils n’hésitent pas à stigmatiser tous les Maghrébins, accusés de tous les maux et immédiatement suspectés non seulement dans les actes terroristes, mais même dans les alertes quand un colis est abandonné dans une zone d’embarquement d’un aéroport.
Pourtant, dans le sport et dans d’autres domaines, les Maghrébins de France, pour prendre ce cas, montrent qu’ils sont majoritairement bien intégrés et savent défendre leur place dans le pays où ils sont établis. On les voit sur les chaînes de télévision en journalistes ou experts parfaitement à l’aise. En Corse, c’est un Maghrébin, élu local à Bastia, qui est intervenu pour relativiser les faits et exprimer son optimisme quant à l’avenir des relations entre les communautés sur l’île de Beauté, une cohabitation qu’il prévoit toujours aussi harmonieuse qu’avant la bataille rangée entre Corses d’origine et Corses «maghrébins» à Sisco.
Tout le monde admet que c’est l’implication de France et de la Belgique dans la guerre de déstabilisation menée depuis 2011 contre la Syrie, à travers l’engagement de «djihadistes» recrutés dans leurs banlieues, qui a conduit à cette ambiance détestable. Le fameux «retour de boomerang» a produit dans ces deux pays les attentats terroristes commis par des Belges et des Français, musulmans et d’origine maghrébine, et entraîné un effet de stigmatisation des Maghrébins qui vivent en France et en Belgique, attisée par l’extrême droite et les mouvements islamophobes.
Houari Achouri
Comment (33)