Le Makhzen, le Sahara et la COP
Par Kamel Moulfi – Dans tout ce qu’entreprend, au plan international, la diplomatie marocaine, on trouve généralement l’obsession du Makhzen de s’en prendre à l’Algérie pour tenter de réduire son rôle dans la région et plus largement sur le continent africain. La préparation de la 22e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP22) qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech fera-t-elle exception à cette règle ? Ou alors, les Marocains vont-ils utiliser cet événement pour régler leurs comptes avec l’Algérie ?
Evidemment, il est souhaitable, que dans cette alternative, le Makhzen s’en tienne à la neutralité exigée par la nature de ce type de rencontre, de dimension mondiale et qui porte sur un problème concernant l’avenir de toute la planète. Mais le doute existe sur les intentions du Makhzen et sur l’éventualité qu’il tente de manipuler la société civile marocaine mobilisée autour des préparatifs de la COP 22, pour lui faire remplir une fonction supplémentaire consistant à «coller» subtilement les problèmes politiques régionaux et notamment le différend, avec l’Algérie, sur le Sahara Occidental, à ces préparatifs.
La pratique du «lobbying» dans les instances internationales est courante chez le Makhzen, avec constamment l’objectif d’influencer les décisions et les votes sur le Sahara Occidental. Cette «mission» ne sera pas facile, sachant que pour la «société civile écologiste», l’enjeu du changement climatique écrase tous les autres. D’autre part, on sait que la France, qui a abrité la COP21, aide le Maroc pour la préparation de la COP 22.
Dans tous les cas, le pôle société civile du comité de pilotage de la COP 22 est mis à l’épreuve à la faveur de la «série de rencontres avec des ONG, réseaux et coalitions dans divers pays du continent africain», qu’il vient d’annoncer dans un communiqué dont Algeriepatriotique a pris connaissance. La première phase de cette mission a commencé samedi 13 août par «l’Afrique du Sud, le Cameroun, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Soudan, le Swaziland et la Tanzanie».
Selon le communiqué, «le programme de cette tournée africaine est préparé en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et bénéficie du soutien du réseau diplomatique marocain». Les fonctionnaires du ministère marocain des Affaires étrangères et son appareil diplomatique vont-ils céder à la tentation d’instrumentaliser la préparation de la COP 22 pour faire valoir leur position de refus de reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et à l’indépendance du Sahara Occidental, auprès des acteurs non gouvernementaux africains, engagés dans le combat écologique et la lutte contre le changement climatique ?
En décembre 2015, alors que l’information était connue depuis une année déjà, la ministre marocaine déléguée chargée de l’Environnement, Hakima El-Haite, avait annoncé, à Paris, à l’occasion de la COP 21, que c’est Marrakech qui sera ville hôte de la COP 22. Le président du comité de pilotage de la COP 22 n’est autre que le ministre marocain des Affaires étrangères, Salah-Eddine Mezouar. Pourquoi l’Algérie ne s’est pas proposée pour accueillir cette COP ? En cause, la présence d’Israël que notre pays ne reconnaît pas. Par contre, le Maroc n’a pas de problème pour envoyer une invitation à Israël pour participer à une quelconque conférence internationale qu’il organise.
K. M.
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