Soraya Hadad : «Le judo algérien est victime de sa mauvaise gestion»
L’ancienne médaillée de bronze aux JO de Pékin 2008 Soraya Hadad a estimé que le judo algérien était «malade de sa mauvaise gestion et de son instabilité», au lendemain d’une participation calamiteuse des judokas algériens aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro. «Quand on voit notre fédération avec laquelle j’ai travaillé comme entraîneur de l’équipe nationale juniors filles durant huit mois, il y a franchement du bricolage dans le travail. Ils sont très loin du professionnalisme. Il y a des personnes qui occupent des postes alors qu’ils ne méritent pas d’être là. En revanche, ils existent des compétences qui sont marginalisées, j’ai vécu tout cela de l’intérieur de la fédération», a confié Haddad à l’envoyé spécial de l’APS à Rio de Janeiro.Le judo algérien qui a participé aux Jeux Olympiques 2016 avec cinq athlètes dont une dame, a enregistré des résultats décevants à Rio avec des éliminations précoces dès les premiers tours.
Pour l’ancienne championne d’Afrique, le problème du judo algérien qui a beaucoup régressé ces dernières années, réside dans la gestion. «Je suis désolée, le problème du judo algérien n’est pas une question de moyens mais plutôt humaine, il faut mettre les personnes compétentes là où il faut avec un seul objectif celui de faire progresser la discipline», a souligné Soraya Haddad.
«A notre époque, on a réussi des résultats positifs en dépit des moyens dérisoires dont disposait la fédération. Les anciens judokas sont malheureusement mis à l’écart alors que seuls les athlètes qui ont fait le haut niveau comprennent toutes ces questions. Où sont les anciens champions et médaillés olympiques à l’image de Boulmerka, Benida-Merrah et Allalou ? La situation du judo a commencé à se dégrader après les jeux de Pékin en 2008», a-t-elle regretté. «Personnellement, j’ai arrêté la compétition parce que les conditions ne me poussaient pas à continuer. Je n’ai que 31 ans et je pouvais facilement participer aux jeux de Rio. Ca fait vraiment mal de voir dans quelle situation se trouve cette discipline», a précisé Haddad.
Interrogée sur les résultats catastrophiques du judo algérien à Rio, l’ancienne championne d’Afrique a estimé que chaque athlète avait sa part de responsabilité dans ce cuisant échec. «Je ne sais pas quel est l’objectif de chaque judoka, si l’objectif est d’avoir une médaille olympique, il faut cravacher dur, ça demande beaucoup de sacrifices et de travail», a expliqué l’entraîneur de l’équipe de Béjaïa. La judokate Haddad qui a été la seule à avoir offert à l’Algérie une médaille olympique avec Amar Benikhlef lors des JO 2008 à Pékin, pense que pour obtenir des résultats au niveau mondial, il faut donner du temps.
«Si on avait une stabilité à la fédération, un groupe soudé et une gestion professionnelle, on aurait pu faire largement mieux à Rio. Je pense que la situation a commencé à se dégrader à partir de 2008», a estimé Haddad qui préconise un «changement radical» dans la gestion des instances fédérales. «La solution est entre les mains des pouvoirs publics pour changer les choses, parce qu’on peut beaucoup mieux faire dans tous les sports, il y a du potentiel, il faut un investissement à long terme. Il faut mettre les gens compétents là où il faut».
R. S.
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