Nordine Aït Hamouda : «Certains veulent faire de la Kabylie une réserve indienne»
Nordine Aït Hamouda a appelé à restituer le FLN historique «comme patrimoine symbolique de la nation», estimant que le «rôle moteur et central» du Front de libération nationale «a cessé» et qu’«il est plus qu’urgent de passer à l’acte de restitution pour protéger notre glorieuse lutte de Libération». Le fils du colonel Amirouche a, dans ce sens, salué l’initiative des quatorze personnalités qui ont rendu public un appel à la restitution du FLN à la mémoire populaire. «L’initiative est louable d’autant plus qu’elle s’inscrit dans la continuité de tous les appels lancés à cet effet. Le FLN devait, juste après l’indépendance, s’inspirer de l’Armée de libération nationale qui a réussi son prolongement et sa mutation vers l’Armée nationale populaire», a-t-il affirmé dans un entretien au quotidien Le Soir d’Algérie. Le membre fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) accuse «ceux qui continuent à confondre sciemment le FLN historique, libérateur du pays, et le parti FLN d’aujourd’hui» de «défendre leurs intérêts de caste». «Hier, le FLN c’était lui donner sa vie et son sang, aujourd’hui, le parti FLN, c’est se procurer de l’argent et des privilèges. Immense et tragique dérapage», a-t-il ironisé.
Interrogé sur ses appels répétés au changement de régime politique en Algérie, Nordine Aït Hamouda a mis en avant la nécessite d’«ouvrir la voie à une refondation de l’Etat algérien par l’avènement d’une deuxième République qui laissera place à un mode de fonctionnement inspiré de notre glorieuse Révolution qui avait instauré le système des régions». «Nous ne devons pas être complexés ou réticents par le fait qu’une région à l’image de la Kabylie ou le M’zab soit plus prédisposée à la concrétisation de ce mode de fonctionnement, bien au contraire, la Kabylie, pour parler de ma région, pourra servir de locomotive et d’exemple de bonne gouvernance pour les autres régions qui suivront», a-t-il soutenu. Pour lui, «il s’agit de combiner concomitamment ce mouvement décentralisateur avec une plus grande démocratisation».
Nordine Aït Hamouda a, par ailleurs, accusé le pouvoir de pousser au «pourrissement» en Kabylie. «Cette situation de pourrissement, pense-t-il, décourage les investisseurs et leur fait fuir la région». «C’est à se demander si l’on ne veut pas faire de la Kabylie une réserve indienne», s’est-il interrogé non sans sarcasme, avant de relever que «cette singularité lui vaut des inimitiés et des soupçons intarissables». «Il faut que cela change et, dans cette perspective, la carte politique, entre autres, doit et va évoluer», a encore affirmé le fils du colonel Amirouche, à la veille de la célébration du soixantième anniversaire du Congrès de la Soummam.
Au sujet l’assassinat de la petite Nihal et des appels persistants au rétablissement de la peine capitale, Nordine Aït Hamouda a affirmé que «ce fait tragique, qui a anéanti psychiquement et moralement la famille de la victime et a fait compatir le pays entier, a été l’occasion d’une surenchère pour appeler à faire face à la barbarie par la barbarie». «La connotation religieuse de ces discours est à peine voilée», a-t-il dénoncé, avant d’appeler à «trouver les moyens d’agir pour d’abord arrêter et condamner les auteurs de ce crime abject et ensuite développer les instruments et les mécanismes de lutte et de prévoyance pour contrer efficacement les crimes de cette nature». Nordine Aït Hamouda, pour qui «la manipulation islamiste est flagrante par la connotation religieuse donnée à cette revendication», n’a pas manqué de fustiger, au passage, une «touche populiste» qui «est également apportée par certaines personnalités politiques versatiles capables de dire la chose et son contraire du jour au lendemain». Il a critiqué, à ce propos, «les partis démocrates qui se revendiquent des droits de l’Homme et ont par le passé porté la revendication de l’abolition de la peine de mort», pour n’avoir pas réagi à cette campagne islamiste.
Lina S.
Comment (68)