Comment le Maroc «couvre» le programme nucléaire militaire israélien à l’AIEA
Le quotidien israélien Haaretz a révélé que Ali M’hamdi, un Marocain qui assure la présidence tournante de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), n’a pas sollicité le vote de l’assemblée dans la demande qu’il a adressée au directeur général de l’Agence, au nom du conseil des ambassadeurs arabes auprès de l’AIEA, d’inscrire le point intitulé «Capacité nucléaire israélienne» à l’ordre du jour de la 60e conférence générale de l’AIEA, prévue du 26 au 30 septembre à Vienne.
Haaretz ajoute que l’ambassadrice israélienne auprès de l’AIEA, Merav Zafary-Odiz, a qualifié, dans un message envoyé au directeur général de l’Agence, cette initiative de «positive à même d’assurer les bases d’un dialogue régional constructif». Pour Haaretz, qui se réfère à un communiqué adressé par le ministère israélien des Affaires étrangères aux ambassades de l’entité sioniste à l’étranger, Ali El-M’hamdi a ainsi amené les pays arabes à renoncer cette année à exiger un vote sur une résolution qui est présentée depuis quelques années et qui est destinée à contraindre Israël à ouvrir ses installations nucléaires aux inspecteurs de l’AIEA, tout en appelant à une conférence internationale visant à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.
Haaretz souligne que les informations qu’il divulgue ne sont aucunement confidentielles, ce qui peut signifier qu’Israël aurait décidé de sortir sa politique nucléaire de l’ambiguïté dont elle est marquée depuis le début. L’entité sioniste, qui n’a jamais adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire, a toujours nié être dotée du nucléaire alors que tout le monde sait que son programme nucléaire a été lancé à la fin des années 1950 avec l’aide de la France pour la construction du réacteur de Dimona. Ce programme nucléaire militaire est protégé par une véritable loi du silence médiatique imposé par son protecteur américain.
Des directives données dans l’Administration américaine interdisent la publication d’informations officielles sur ce programme nucléaire, particulièrement celles concernant les transferts illicites d’armes nucléaires et de technologie des Etats-Unis à Israël. Ces directives prévoient l’emprisonnement pour tout fonctionnaire américain qui parlerait de ce programme.
Mais c’est un secret de polichinelle, Israël possède des dizaines, voire des centaines, de têtes nucléaires. En refusant de demander un vote à l’AIEA sur les capacités nucléaires de l’entité sioniste, le Marocain Ali El-M’hamdi fait preuve d’une indulgence complice et «couvre» le programme nucléaire militaire israélien, participant ainsi à la loi du silence, au moment où des pays arabes manifestent, au contraire, la plus grande méfiance envers l’Iran dont le programme nucléaire est pourtant nettement plus transparent et soumis à une étroite surveillance de la «communauté internationale».
Houari Achouri
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