De la frénésie de la désinformation
Par Kamel Moulfi – Le poids des mots et le choc des photos, c’est une spécialité de Paris Match qui a toujours cherché à bâtir sa prospérité sur le sensationnel, c’est son droit. Mais quand, aveuglé par une habitude si forte, ce périodique français n’hésite pas à se faire l’auxiliaire des islamistes dans leur propagande fondée sur la désinformation à propos de ce qui se passe en Syrie, cela pose des interrogations. Surtout qu’il n’est pas le seul. D’autres médias soumis, voulant jouer aux objecteurs de conscience, passent leur temps à manipuler l’opinion publique internationale au plus grand profit des groupes terroristes qui ne leur sont même pas reconnaissants.
Le plus grave, désespérant même, est dans le fait que les médias français qui ont choisi de jouer ce rôle ne veulent pas admettre qu’ils se font ainsi les relais de la propagande terroriste en laissant croire que les groupes criminels, constitués en bonne partie de mercenaires recrutés notamment en France, ne sont que des «résistants». Ce qui nous rappelle que les terroristes qui frappaient en Algérie, dans les années 1990, étaient eux aussi affublés du qualificatif de «résistants», derrière la formule «opposants armés au régime algérien».
Le courriel du groupe France Médias Monde adressé à Algeriepatriotique et publié in extenso sur notre site avec la réponse d’AP en est la démonstration. Pour sa part, Paris Match ne cherche pas à nuancer les choses : il y a d’un côté les «rebelles», sans préciser qu’il s’agit de groupes terroristes, et, de l’autre côté, «les troupes du président Bachar Al-Assad». L’hebdomadaire français feint d’ignorer qu’une trêve est en vigueur en Syrie depuis le 27 février dernier, et qu’elle ne concerne pas les groupes armés de Daech ni ceux du Front Al-Nosra (récemment rebaptisé Front Fatah Al-Sham) considérés comme terroristes par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans la version mensongère des faits présentés par Paris Match, les groupes terroristes n’existent pas en Syrie, ni Daech ni Front Al-Nosra. Alors, à qui pensait le président français, François Hollande, quand il a annoncé son intention de frapper les terroristes dans leurs repaires… en Syrie et en Irak ? L’explication de la frénésie de désinformation qui s’est emparée de certains médias français dans leur présentation de la situation en Syrie se trouve dans la déroute de «leurs» protégés, les groupes terroristes chargés de déstabiliser ce pays pour que s’installe un régime favorable aux intérêts des pays occidentaux.
Dernièrement, dans une déclaration publique les gouvernements de ces pays n’ont pas caché que ce qui motive leur intervention militaire en Libye, ce sont ses ressources pétrolières (voir article d’Algeriepatriotique). Pour brouiller ces enjeux, Paris Match et ses semblables vont jusqu’à instrumentaliser les images des enfants en accusant les Syriens et leurs alliés russes de s’en prendre aux civils. La vérité est que dans les rues du quartier Jamiat Al-Zahraa, situé dans le sud-ouest d’Alep, où les terroristes tentent de vaines contre-attaques, les soldats de l’armée syrienne mènent avec succès leurs opérations de nettoyage.
Paris Match aurait été plus avisé de s’intéresser aux bombardements de sites civils, dont des écoles et des hôpitaux, au Yémen, effectués par la coalition arabe dirigée par le régime wahhabite. Le 13 août, cette coalition a bombardé une école faisant au moins 10 morts et 28 blessés parmi des enfants âgés de 8 à 15 ans.
K. M.
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