Document – Les mesures envisagées par la France pour faire face au terrorisme
Algeriepatriotique a pu obtenir une copie du rapport portant restructuration de l’armée française, à la lumière des nouvelles menaces qui pèsent sur ce pays. Les changements qui devront être opérés en 2017 ont pour but d’«adapter» et de «réorganiser» les différents corps de l’armée. «L’engagement actuel des armées vise à assurer la sécurité des Français face à une menace exceptionnelle», lit-on dans la présentation du plan de réorganisation qui «vise à soutenir l’engagement des armées sur le territoire [français] et les théâtres extérieurs dans la durée». Sont concernés par cette réorganisation les missions opérationnelles, le renseignement et la cyberdéfense, note le rapport, qui indique que «les mesures arrêtées pour 2017 n’impliquent toutefois pas de dissolution d’unité majeure». «Il s’agit, lit-on, essentiellement de renforcement des domaines prioritaires et d’adaptations organisationnelles et capacitaires pour permettre ce renforcement».
La France, apprend-on, compte renforcer l’état-major du commandement des opérations spéciales en 2017, tandis que les états-majors interarmées des zones de défense et de sécurité en Ile-de-France et à Marseille le seront également «afin de faire face à l’accroissement des besoins opérationnels et de prendre en compte la création de la nouvelle zone de défense et de sécurité Sud». Marseille est le théâtre, depuis plusieurs années, de violences et de règlements de comptes dans lesquels sont utilisées des armes de guerre, semant la terreur dans la ville phocéenne et donnant l’impression d’une zone de non-droit. L’armée française compte aussi renforcer ses capacités dans le domaine de la cyberdéfense ; un «domaine prioritaire», souligne le rapport, qui «va poursuivre sa montée en puissance tant au sein des armées qu’au niveau central».
La France veut renforcer également le renseignement militaire qui bénéficiera, entre 2017 et 2019, de 323 postes supplémentaires, dont 135 en 2017. «Les cinq principaux domaines bénéficiaires de cette augmentation d’effectifs seront la géomatique, le cyber, le contre-terrorisme, la recherche humaine et le renseignement d’origine image», explique le document. A cet effet, apprend-on encore, trois organismes extérieurs «poursuivront leur montée en puissance». Il s’agit du Centre interarmées de recherche et de recueil du renseignement humain, du Centre de recherche et d’analyse cyberdéfense et du Centre de renseignement géospatial interarmées.
La France envisage d’accroître ses «forces de présence», c’est-à-dire ses effectifs opérationnels à l’étranger. «Les forces de présence rallieront le dispositif visé avec trois bases opérationnelles avancées à Djibouti, en Côte d’Ivoire et aux Emirats arabes unis, et deux pôles opérationnels de coopération au Gabon et au Sénégal», précise le fiche du ministère français de la Défense, qui veut «consolider» l’organisation fonctionnelle de ces forces. «Cet effort ciblé sera fait en Côte d’Ivoire et dans une moindre mesure à Djibouti», révèle le document, alors qu’aux Emirats arabes unis, le 5e régiment de cuirassiers, créé en juin 2016, «poursuivra sa montée en puissance pour s’approprier un environnement nouveau et développer les synergies avec les forces du pays hôte».
Le ministère français de la Défense, qui qualifie cette restructuration de ses forces armées d’«effort sans précédent», tente de s’adapter à la menace terroriste sur son sol, tout en maintenant sa présence sur le terrain des opérations hors de ses frontières. Un travail harassant qui nécessite une symbiose totale entre tous les intervenants dans la lutte antiterroriste, le «tout sécuritaire» ayant, depuis longtemps, prouvé ses limites.
Karim Bouali
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