L’Occident s’étonne qu’un enfant se fasse sauter à 12 ans : quelques actes barbares du GIA en Algérie pour rappel
Un kamikaze âgé «de 12 à 14 ans» s’est joint aux invités d’un mariage qui se déroulait, samedi soir, à Gaziantep, en Turquie, non loin de la frontière syrienne ; bilan : 54 morts et des dizaines de blessés. Du fait de l’implication d’un enfant dans un acte terroriste aussi meurtrier, cette information a surpris, sans doute, les profanes en la matière qui continuent de penser qu’il existe des terroristes «modérés» dont ils légitiment les crimes perçus par eux comme des actions de résistance. Les Algériens qui ont combattu ce fléau et les spécialistes et tous ceux qui ont suivi les activités terroristes dans notre pays, durant la décennie 1990, ne sont, malheureusement, pas étonnés d’apprendre que Daech, ou ses semblables avec un autre nom, utilisent des enfants pour frapper les populations civiles. Ils savent également que les terroristes n’épargnent pas les enfants quand ils échappent à leur mainmise malgré tout le matraquage idéologique, à travers les programmes pédagogiques, qu’ils subissent déjà dans les écoles en vue de les fanatiser.
L’école et les enfants ont été d’ailleurs les cibles privilégiées des terroristes en Algérie. Un rappel utile des faits. Avant la rentrée scolaire 1994, les groupes terroristes ont placé l’école algérienne dans une situation de terreur absolue, précédée, durant l’été, d’actes de sabotage visant à détruire les établissements d’enseignement, puis pendant l’année par les assassinats en pleine classe d’élèves et d’enseignants, de la façon la plus horrible.
En 1994, à Mostaganem, le 1er novembre, fête nationale en Algérie, quatre enfants scouts (Chouarfia Abdellah, Ayachi Chawki, Hachlaf Mohamed et Boualem Mehdi) ont été tués par l’explosion d’une bombe placée par les terroristes dans un cimetière où se déroulaient les activités commémoratives. Autre cas illustratif : lundi 12 mars 1995, à Oued Djer (wilaya de Blida), quatre terroristes ont fait irruption dans une classe du CEM Lazhar Mohamed, à 8h15, à peine les enfants assis sur les bancs, ils ont enlevé une collégienne de 15 ans, l’ont emmenée dans la cour et égorgée devant ses camarades de classe. Le samedi 27 septembre 1997, sur la route de Sfisef (Sidi Bel-Abbès), ce sont onze enseignantes (Dich Amina, Tounsi Aziza, Boudaoud Kheira, Bouteraa Rachida, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Fliou Sahmadia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheira, Bouali Hanafi Sahnounia), qui ont été égorgées ainsi que le chauffeur du véhicule (Saber Habib) qui les transportait vers l’école. Elles avaient bravé les menaces des terroristes et se rendaient à l’école qui venait juste d’ouvrir après les vacances. Faut-il citer tous les massacres de populations par dizaines, les cadavres piégés, les décapitations et exhibition des têtes coupées sur des piquets ?
Le terrorisme a donné toute la mesure de sa barbarie en Algérie, dans les années 1990, mais une partie de l’opinion publique, intoxiquée par la campagne ignoble du «qui tue qui», n’y accordait aucune importance. Aujourd’hui, d’autres parties du monde découvrent l’horreur. Dimanche soir, c’est dans le quartier Tisin de Kirkouk, dans le nord de l’Irak, que la police irakienne a réussi à empêcher un enfant de 14 ans, muni d’une ceinture d’explosifs, de commettre un attentat. Tous ces faits ont-ils influé sur la lutte antiterroriste dans le monde ? Apparemment pas encore, face à la barbarie, ici et là, les autorités annoncent des mesurettes sans effet réel au lieu de méthodes plus sérieuses et plus efficaces qui correspondent à la détermination des terroristes qui en donnent chaque jour la preuve, par leur sauvagerie, là où ils frappent.
On a l’impression que le monde occidental est encore timoré et sceptique devant ce que ces monstres drogués sont capables de faire. Jusqu’à quand ? Que faut-il de plus aux dirigeants de ces pays pour saisir qu’il faut prendre au sérieux la menace qui s’est déjà concrétisée chez eux par les attaques terroristes menées à Paris, Nice, Bruxelles, Munich et d’autres villes européennes.
Houari Achouri
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