Les islamistes ont eu le dernier mot ?
Par R. Mahmoudi – En s’empressant d’annoncer qu’aucune matière ne sera exclue des épreuves du baccalauréat, avant même l’adoption officielle de la réforme du bac, la ministre de l’Education nationale a surtout voulu rassurer ses détracteurs, qui l’attendaient au tournant et qui ne veulent pas lâcher du lest, que l’éducation islamique – puisque c’est tout ce qui les préoccupe – sera maintenue et que tout ce qui s’est dit dans la presse à ce sujet n’était que de la pure «propagande».
Par cette annonce, Mme Benghebrit, et à travers elle le gouvernement, tente d’apaiser un climat délétère, alimenté depuis plusieurs mois par des discours incendiaires véhiculés par les islamistes et une ribambelle d’associations, parfois rattachées au pouvoir, se revendiquant des «constantes de la nation» et des «valeurs islamiques».
Si le gouvernement a besoin de cette accalmie, de ce retrait tactique, à moins de deux semaines de la rentrée scolaire, rien n’indique que les Djaballah, Menasra, Mokri et consorts vont se taire. D’abord, parce que non seulement ils récusent toute réforme qui aille dans le sens de la modernisation et de l’universalisation des programmes scolaires, mais ne renonceront jamais à leur première revendication qui est le départ même de la ministre.
Face à des gens qui posent le problème en terme politique clair, le pouvoir a préféré la fuite en avant, le louvoiement, le compromis. C’est pourquoi on craint qu’à ce rythme et de recul en recul, le gouvernement soit amené à sursoir définitivement à son projet de réforme. Hier, c’était l’intégration des langues populaires, aujourd’hui l’éducation religieuse, demain, on ne sait quelle autre concession qui sera offerte à ceux qui font du maintien du système éducatif dans son état archaïque leur raison de vivre.
R. M.
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