L’école et les diversions islamistes
Par Kamel Moulfi – Loin des préoccupations réelles des Algériens qui portent sur des revendications sociales très «terre à terre», comme l’emploi et le logement, reflets de leurs aspirations à une vie décente, et loin aussi du vrai problème de l’école algérienne qui se rapporte au niveau de l’enseignement prodigué, les courants obscurantistes soulèvent, une fois encore, la diversion par excellence du débat identitaire.
Par la voix du député Hassan Aribi, un proche d’Abdallah Djaballah, ils menacent l’Algérie d’un «printemps arabe» et le chaos et l’anarchie qui en sont les conséquences, si l’école n’est pas maintenue sur les rails de la médiocrité dont tente de la faire sortir la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit, qui, faut-il le rappeler, n’est pas seule dans cette démarche.
Dans le plus pur style démagogique, ces courants, sous la plume de Hassan Aribi, mettent en garde contre les actions de modernisation de l’école qui seront mises en application à travers les programmes, lors de cette rentrée scolaire, et veulent faire croire qu’elles signifient l’abandon des «constantes» qu’eux confinent, pour les besoins de leur propagande, dans deux matières d’enseignement que sont la langue arabe et l’éducation islamique, auxquelles les élèves et leurs parents accordent juste la place qui convient.
Personne n’ignore que les cours de soutien chèrement payés que les parents offrent à leurs enfants au prix de lourdes ponctions sur le budget familial accompagnées parfois d’un fort endettement, concernent les matières scientifiques (maths, physique et sciences naturelles) et même… le français. Le choix de la langue de l’ex-colonisateur n’a jamais été considéré par ces parents comme une trahison, un «harkisme» d’un genre nouveau ou, pire, une atteinte à nos glorieux chouhada.
Hassan Aribi oublie que la déclaration du 1er Novembre 1954, appelant à la lutte armée pour l’indépendance nationale, a été rédigée, sans aucun complexe, en langue française et que c’est dans cette langue du colonisateur, à l’époque, que les tracts du FLN étaient également écrits. Qu’il sache que les parents d’élèves se plaignent surtout du niveau de l’école et s’alarment de l’état des connaissances de leurs enfants, pas du prétendu recul sur les «constantes» dont l’une, l’amazighité, a fait, au contraire, une entrée remarquée dans le système éducatif et tout est fait pour qu’elle progresse encore afin de la généraliser dans la vie sociale, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution.
K. M.
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