Pourquoi l’Etat ne pourra pas sanctionner les responsables du fiasco aux Jeux olympiques
Les propos lénifiants et pour le moins frustrants, qu’a tenus le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould-Ali, pour commenter les graves accusations formulées par des athlètes algériens au sujet de leur participation aux Jeux olympiques de Rio, cachent-ils un profond malaise et un sentiment d’impuissance au sein du gouvernement ? Une source au fait du dossier a révélé à Algeriepatriotique que les autorités sont, en fait, extrêmement gênées de ne pouvoir prononcer des sanctions qu’elles souhaiteraient exemplaires, pour assouvir une colère largement partagée par les Algériens et sauver, ainsi, la face dans cette affaire qui porte gravement atteinte à l’image et à la crédibilité de l’Etat.
Notre source explique que si le gouvernement hésite à prendre des sanctions contre le Comité olympique algérien (COA), l’organisme responsable à la fois de la participation algériennes et de la conduite des membres de la délégation algérienne à ces Jeux olympiques, et les différentes fédérations sportives, c’est tout simplement parce qu’elles redoutent des sanctions internationales qui pourraient en découler. Des antécédents existent en la matière. Les responsables algériens ont encore en mémoire la réaction de la Fédération internationale de football (Fifa), en 1996, suite à la suspension du président de la Fédération algérienne de football de l’époque, Saïd Amara. Les statuts de la FAF permettent à ses membres de saisir cette haute instance en cas d’«ingérence» ou d’«injustice». Dans cette affaire, l’ex-président de la FAF, qui se disait privé d’un droit fondamental, celui de défendre son bilan devant ses électeurs (l’Assemblée générale), avait obtenu gain de cause.
Plus proche de nous, le cas du Comité olympique koweitien, dissous il y a seulement quelques jours pour cause de corruption, conforte ces appréhensions. Le comité international s’est vite autosaisi pour interpeller les autorités de ce pays arabe et les menacer de mesures coercitives si elles ne sursoyaient pas à leur décision.
Cela dit, le gouvernement ne désespère pas, pour autant, de trouver le moyen de sévir pour répondre aux attentes d’une opinion publique très remontée contre les dirigeants sportifs et solidaire avec les athlètes. Notre source n’exclut pas que, dans les prochains jours ou semaines, on assiste à des mouvements de contestation à l’intérieur des différentes fédérations pour exiger le remplacement des responsables de ces structures.
Pour rappel, les deux athlètes Toufik Makhloufi et Larbi Bouraâda, qui sont les seuls à avoir réalisé des résultats positifs à Rio, ont révélé à la presse que les responsables du sport en Algérie, à tous les niveaux, ont non seulement failli à leur devoir, mais ne semblent pas conscients des pertes qu’ils ont fait subir à ces jeunes sportifs capables des plus grands exploits. Plus grave encore, ils les accusent de les avoir abandonnés à leur sort au Brésil, pendant que les chefs de la délégation algérienne profitaient de leur séjour pour faire du tourisme. Chose qui a très logiquement perturbé les athlètes dans leurs compétitions respectives. D’où leurs résultats catastrophiques.
La petite phrase du double vice-champion olympique, Toufik Makhloufi, à ce propos, laisse à méditer : «Les responsables qui se sentent concernés ou déstabilisés par mes propos, sont ceux-là mêmes que je vise !»
R. Mahmoudi
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