La corruption n’est pas économique
Par Kamel Moulfi – L’affaire de Dounia Parc, soulevée par le ministre Abdelwahab Nouri, est-elle destinée seulement à sortir les Algériens, gouvernants en premier lieu, de leur torpeur estivale ou annonce-t-elle une vraie bataille contre la corruption qui gangrène le pays ? S’il s’agit de déclarer la guerre à la corruption, alors il faut aller à l’essentiel dans l’analyse pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’un problème économique mais moral.
Si la corruption est devenue pratiquement une règle dans toute transaction de quelque nature qu’elle soit, c’est que la société algérienne est malade. Ni la religion, ni l’école, ni le scrupule et la vergogne – qui ont disparu depuis longtemps – n’ont réussi à endiguer ce phénomène lié à la mauvaise éducation et à l’absence de civisme.
La moralité est empoisonnée par l’obsession du gain facile motivé par l’intérêt purement personnel, traduite dans un comportement souvent visible à l’œil nu, sans qu’il soit nécessaire de mener la moindre investigation, et avec une marge d’exception extrêmement étroite parmi tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir ou de l’argent à gogo, et pas forcément uniquement dans les hautes sphères, mais à tous les niveaux et même en dehors des rouages de l’administration.
L’argent douteux et sale est ensuite étalé, toute honte bue, aux yeux de tous, ici, en signes extérieurs d’une richesse non méritée, ou ailleurs dans des acquisitions de confort et de prestige pour satisfaire des besoins égoïstes. Inutile d’expliquer que ce comportement va à l’encontre de l’intérêt du pays et surtout de sa jeunesse, précarisée, abandonnée à tous les fléaux sociaux. Et quand la société est minée par l’immoralité, le bien public est mis au service du clientélisme, comme dans le cas de Dounia Parc.
Le plus grave est que cette situation de dégradation morale devient «normale».
K. M.
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