L’histoire de la France avec le voile remonte à 1989 : quand Mitterrand soutenait le FIS
Le problème de la France avec le voile est une vieille histoire. En 1989 déjà, c’est-à-dire à l’époque où le FIS régnait en maître absolu en Algérie, ses relais en France avaient déjà commencé un long travail qui a débouché sur les événements présents. C’est dans l’école, qui se veut, en France, républicaine et laïque, que l’affaire du voile, en tant que signe distinctif de l’appartenance à la mouvance islamiste, a commencé il y a un peu plus d’un quart de siècle. Le fait, qui s’est produit en octobre 1989, dès la rentrée des classes, avait été très largement médiatisé, notamment par le journal télévisé de 20h, à la forte audience, présenté sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2). La consultation des archives de l’audiovisuel français permet de se rappeler ce qui s’était passé. Trois élèves musulmanes ont été exclues du collège Gabriel-Havez de Creil (Oise), situé en zone d’éducation prioritaire (ZEP) – un euphémisme qui désigne les banlieues défavorisées à forte concentration maghrébine et africaine – parce qu’elles ont refusé d’enlever leur voile – appelé «foulard islamique» à l’époque – en classe. L’exclusion du collège de ces trois élèves musulmanes voilées, montrait déjà les premiers signes de l’échec de la démarche droit-de-l’hommiste zélée de François Mitterrand qui a permis à la gangrène salafo-wahhabite de se répandre en France en offrant l’asile aux «réfugiés» du FIS «fuyant la junte militaire d’Alger».
C’est à ce moment-là, précisément, qu’a pris sa source le phénomène de radicalisation religieuse, un pur produit de la situation créée, à la fin des années 1980, par la montée de l’extrémisme dans les pays du Maghreb, encore rampant au Maroc et en Tunisie, mais violent en Algérie, et qui a eu son prolongement en apparence inoffensif en France, encouragé par les calculs politiques étroits de François Mitterrand qui en voulait à notre pays.
Pourquoi diable le démocrate François Mitterrand voulait-il instaurer un califat moyenâgeux en Algérie ? «Ce qui importait le plus aux yeux de l’ancien Président socialiste français, c’était de voir l’effacement du FLN de la carte politique algérienne, lui, l’ancien ministre de l’Intérieur durant la colonisation», répond une source informée. «C’était pour lui, comme pour ses pairs, une revanche pour avoir été boutés hors d’Algérie en 1962», explique notre source qui ajoute que les dirigeants français «maintiennent, d’ailleurs, le même leitmotiv tout en comptant, cette fois-ci, sur l’extinction de la génération de Novembre». En participant naïvement à la réunion de Sant’Egidio en 1996, dont l’objectif avoué était de réhabiliter le FIS, le FLN s’était alors «tiré une balle dans le pied» sans le savoir.
L’épilogue de l’affaire du voile est venu avec le président Jacques Chirac qui a été l’initiateur d’une loi adoptée le 15 mars 2004 et appliquée à partir de la rentrée de la même année, interdisant le port de signes religieux «ostensibles» par les élèves dans les établissements scolaires publics. Toutefois, les spécialistes ont noté, à juste titre, que la question vestimentaire islamiste n’a jamais cessé de rebondir jusqu’à poser ce qu’ils considèrent comme «le problème de l’intégration des musulmans dans la société française». Cet été, en 2016, c’est sur les plages de France que la même question est à nouveau soulevée par le burkini utilisé par les baigneuses françaises musulmanes. L’interdiction de ce maillot de bain spécial prononcée par certaine mairies, a été annulée par le Conseil d’Etat et il est peu probable qu’une loi soit votée spécialement pour empêcher des Françaises de le porter pour se baigner, sous le prétexte d’appliquer des prescriptions religieuses.
En octobre 1989, l’exclusion des trois collégiennes avait été prise «au nom du principe de neutralité et de laïcité scolaire». Vingt-sept ans plus tard, c’est le contexte sécuritaire dominé par la menace terroriste qui est brandi pour justifier la mise hors la loi du burkini sur les plages françaises. On voit comment la situation s’est aggravée puisqu’il ne s’agit plus seulement de vêtement, le voile à l’école ou le burkini sur la plage, dont le port «ostentatoire» choquerait le paysage laïc de la France, mais du risque terroriste créé par le recrutement d’extrémistes français, fanatisés au nom de la religion musulmane. Des extrémistes destinés au «djihad» en Syrie et éventuellement dans d’autres pays à déstabiliser, mais qui, soit retournent en France, soit ne partent pas en Syrie et restent sur le sol français. Dans les deux cas, ces extrémistes qui ont tété à la politique mitterrandienne revancharde, commettent des attentats en France, comme ceux de Paris et Nice, alors que la menace est loin d’être écartée.
Un hasard ? Le problème créé en 1989 par la complaisance, jusqu’à la complicité, de Mitterrand à l’égard du FIS, retombe en 2016 sur son disciple François Hollande qui ne sait plus comment l’aborder et encore moins le résoudre.
Houari Achouri
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