Justice britannique : le cas d’un repris de justice né en Algérie relance le débat sur la permissivité des lois face au terrorisme
Un demandeur d’asile né en Algérie, condamné pour dix-sept délits commis en Grande-Bretagne où il réside, a été libéré de prison ce jeudi. La Haute Cour de justice a jugé que le détenu qui ne porte aucune nationalité ne pouvait être expulsé, «parce qu’aucun autre pays n’accepte de l’accueillir», rapporte la presse londonienne. La juridiction britannique estime, pourtant, que ce multirécidiviste représente un «risque élevé pour l’ordre public», pour avoir commis de nombreuses «infractions pénales», dont des violences et le trafic de drogue. Ce réfugié parti d’Algérie est arrivé au Royaume-Uni en 2003 et a été reconnu coupable de dix-sept infractions sur une période de sept ans. Il a été relâché après de nombreuses tentatives d’expulsion infructueuses. Un juge a mis en avant une situation kafkaïenne, en présentant l’ex-détenu comme un «apatride» né dans un «camp de réfugiés» dans le Sud de l’Algérie. Le juge a affirmé que plusieurs Etats africains, qu’il ne cite pas, ont été approchés par les autorités britanniques dans le but d’expulser le réfugié, mais aucun de ces pays n’a voulu, selon lui, lui fournir des documents de voyage pour l’accueillir sur son sol.
Par ailleurs, le demandeur d’asile a commencé, dès 2005, à développer un trouble de santé mentale, relèvent les médias britanniques, ajoutant que le concerné a déjà été hospitalisé dans un établissement psychiatrique.
Cette situation rocambolesque pose le problème des textes de loi permissifs en Grande-Bretagne et renvoie à la montée de la menace terroriste dans ce pays et dans l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest. En effet, les Britanniques avaient été abasourdis par une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, en 2009, qui enjoignit à Londres d’indemniser l’extrémiste religieux d’origine jordanienne proche d’Al-Qaïda, Abou Qatada. Ce dernier avait alors perçu un dédommagement de 2 800 euros, malgré son soutien ouvert et avéré à l’organisation terroriste d’Oussama Ben Laden. Neuf autres islamistes radicaux avaient également été indemnisés.
Comble du ridicule, les autorités et les médias britanniques s’étaient réjouis de ce que la Cour européenne des droits de l’Homme n’eût pas retenu l’accusation de «traitements inhumains» contre les détenus extrémistes libérés sur ordre de cette juridiction dont le siège se trouve à Strasbourg.
Le cas de ce multirécidiviste, qui semble être originaire du Mali ou du Niger, mentalement fragile, proie facile pour les recruteurs de Daech et qui pourrait basculer et passer à l’acte à n’importe quel moment, démontre à quel point le cadre de coopération juridique entre les différents pays directement touchés par le terrorisme est anachronique, si bien qu’il empêche une riposte efficace contre ce phénomène transfrontalier.
R. Mahmoudi
Comment (13)